Biographie et date de naissance de l'abbé Pierre
La Vie et l'Héritage de l'Abbé Pierre
Henri, Marie, Antoine Grouès, dit l'Abbé Pierre. (5 août 1912 ⏤ 22 janvier 2007) Membre de la première et de la seconde Assemblées nationales constituantes (Meurthe-et-Moselle) Député de la Meurthe-et-Moselle de 1946 à 1951. Henri Grouès naît à Lyon, cinquième de huit enfants, dans une riche famille de soyeux, catholique et très unie.
Naissance et Jeunesse
L'Abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, est né à Lyon le 5 août 1912. Il est le cinquième d'une famille de huit enfants qu'il qualifie lui-même de "bourgeoise". Cette famille nombreuse lui vaudra d'avoir cent vingt-trois neveux et nièces, "tous âges, tous degrés et toutes conditions confondus", qui lui donneront une vision du monde riche et diversifiée.
Dès son jeune âge, Henri Grouès se montre profondément humaniste et engagé. Il se distingue par sa sensibilité envers les plus démunis, une qualité qui deviendra la pierre angulaire de sa vie et de son œuvre. Son enfance, marquée par une éducation catholique stricte, le sensibilise aux valeurs de la charité et de la solidarité.
Après des études secondaires au collège des Jésuites et une année à la Faculté des Lettres, Henri Grouès ressent une forte vocation religieuse. Il décide de se consacrer à Dieu et entre dans l'ordre contemplatif des Capucins. Il accomplit ses années de noviciat à Saint-Étienne et à Crest, dans la Drôme, où il étudie la philosophie et la théologie. Mais des raisons de santé l'obligent à quitter la vie monastique.
Malgré cette interruption, sa foi demeure inébranlable. Il est ordonné prêtre le 24 août 1938, un tournant décisif dans sa vie. Sous-officier pendant la campagne de France, il est nommé vicaire à la cathédrale de Grenoble et aumônier de divers groupements. Son activité pastorale se double rapidement d'une activité clandestine au service d'Israélites, de résistants ou de réfractaires qu'il cache ou qu'il aide à passer en Suisse.
C'est à cette époque qu'il devient connu sous le nom de "l'Abbé Pierre", un surnom qui le suivra tout au long de sa vie. Son engagement pour la justice sociale et sa compassion envers les plus faibles se manifestent dès ses premières années de prêtrise, annonçant le combat qu'il mènera tout au long de sa vie.
Henri Grouès, né dans une famille aisée, ne tarde pas à faire preuve de générosité. En 1931, il renonce par acte notarié à sa part du patrimoine familial et distribue ce qu'il possède à diverses œuvres de charité. Ce geste symbolique témoigne de son engagement profond pour l'égalité et la solidarité, des valeurs qui le guideront dans sa lutte contre l'injustice sociale.
L'Abbé Pierre, né le 5 août 1912, est destiné à devenir un symbole d'espoir et de résistance pour les plus démunis. Son destin est marqué par la volonté d'aider les autres, de lutter contre les injustices et de témoigner de sa foi à travers des actions concrètes. Sa jeunesse, forgée par une éducation catholique et par des choix personnels forts, le prépare à un engagement social qui le conduira à fonder Emmaüs et à inspirer des millions de personnes à travers le monde.
Engagement dans la Résistance
Dès 1940, l'Abbé Pierre s'engage dans la Résistance. De cette période, on conserve les traces de sa clandestinité (documents aux noms de Georges Houdin et Sir Barlow), de son action auprès des maquisards du Vercors (conservation d'un dossier très complet sur le massacre de Malleval du 29 janvier 1944, avec notamment les procès-verbaux de gendarmerie et les rapports au préfet de l ...).
L'Abbé Pierre, sous le nom de "l'Abbé Pierre", devient un acteur clé de la Résistance dans le Vercors. Il participe à la création d'un maquis dans cette région montagneuse, un lieu stratégique pour la lutte contre l'occupation allemande. Sa foi et sa conviction profonde le poussent à s'engager activement contre l'oppression nazie et à soutenir les victimes du régime.
Sa mission consiste à aider les résistants, à cacher des Juifs menacés par la Gestapo et à faciliter le passage en Suisse de ceux qui souhaitent échapper à la persécution. Il devient un précieux allié pour les forces de la Résistance, utilisant son statut de prêtre pour se déplacer librement et assurer la sécurité des personnes qu'il protège.
Le courage et l'abnégation de l'Abbé Pierre ne passent pas inaperçus. La Gestapo, consciente de son implication dans la Résistance, le traque. Il est contraint de se cacher et de fuir en Espagne en mai 1944. Malgré les dangers, il poursuit son combat, s'engageant dans la lutte contre le nazisme et défendant les valeurs de liberté et de justice.
En juin 1944, il parvient à gagner Alger, où il rencontre le général de Gaulle. Cette rencontre symbolique marque un tournant dans sa vie et dans son engagement. Il rejoint les troupes de marine de la France libre et sert d'abord au Maroc, sur le "Jean-Bart", puis à Paris à la fin de la guerre.
L'engagement de l'Abbé Pierre dans la Résistance n'est pas un acte isolé. Il s'inscrit dans un combat global contre l'injustice et la discrimination. Il met sa vie en danger pour défendre les valeurs de liberté et de solidarité, un engagement qui le distingue dès ses jeunes années.
Son engagement dans la Résistance, marqué par des actes de courage et de solidarité, le rendra célèbre bien après la guerre. Il deviendra un symbole d'espoir et de résistance, un exemple pour les générations futures et une source d'inspiration pour ceux qui luttent contre l'injustice et pour un monde plus juste et plus fraternel.
Fondation d'Emmaüs
En 1949, l'Abbé Pierre fonde Emmaüs, une communauté caritative sise à Neuilly-Plaisance, qui prend le nom de "Compagnons d'Emmaüs" l'année suivante. Ce projet, né d'une profonde conviction et d'un désir ardent de venir en aide aux plus démunis, marque un tournant décisif dans la vie de l'Abbé Pierre. Il se consacre désormais à la lutte contre la pauvreté et l'exclusion, à l'aide des personnes sans domicile et à la promotion de la solidarité.
Emmaüs, inspiré par l'évangile de Luc, raconte l'histoire du bon Samaritain, symbolise l'engagement de l'Abbé Pierre pour aider les personnes en difficulté. Il crée une communauté où les exclus, les sans-abri, les personnes marginalisées trouvent un refuge, une aide et une possibilité de se reconstruire.
Le mouvement Emmaüs se développe rapidement. L'Abbé Pierre, avec son énergie et sa conviction, parcourt la France, partageant son message et mobilisant les consciences. Il organise des collectes de vêtements, de nourriture et de meubles, et crée des ateliers de travail pour permettre aux membres de la communauté de se réinsérer dans la société.
Le modèle d'Emmaüs repose sur l'idée de solidarité et de fraternité. Les membres de la communauté, souvent issus de milieux défavorisés, s'entraident et se soutiennent. Ils apprennent un métier, retrouvent une dignité et une place dans la société. L'Abbé Pierre, en tant que guide spirituel et moral, les accompagne dans leur parcours de reconstruction.
L'action d'Emmaüs prend véritablement son essor durant l'hiver 1953-1954, marqué par un froid glacial et une vague de pauvreté importante. L'Abbé Pierre, témoin des souffrances des sans-abri, se mobilise et lance un appel poignant à la solidarité. Cet appel, retransmis par les médias, suscite une vague d'indignation et de générosité.
Emmaüs devient un mouvement populaire, un symbole d'espoir pour les plus démunis et un exemple de solidarité pour la société. L'Abbé Pierre, à la tête de ce mouvement, devient une figure incontournable de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion.
La création d'Emmaüs est le fruit d'une profonde conviction et d'un engagement indéfectible de l'Abbé Pierre pour la justice sociale et la solidarité. Ce mouvement, né d'un désir d'aider les plus démunis, deviendra un symbole d'espoir et de résistance, inspirant des millions de personnes à travers le monde.
L'Appel de l'Abbé Pierre
L'hiver 1954 est particulièrement rude. Le froid glacial s'abat sur la France, et les sans-abri, privés de logement et de ressources, sont exposés à des conditions de vie extrêmement difficiles. L'Abbé Pierre, témoin de cette détresse, est profondément bouleversé par le sort des plus démunis. Il voit des hommes et des femmes mourir de froid dans les rues, des familles entières se retrouver sans abri et sans soutien.
Le 1er février 1954, l'Abbé Pierre, dans un geste d'une rare intensité, lance un appel poignant à la solidarité sur les ondes de Radio-Luxembourg (future RTL). Son discours, empreint d'une émotion palpable, résonne comme un cri d'alarme, une dénonciation de l'indifférence et un appel à l'action.
"Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on lavait expulsée… Chaque nuit, ils sont plus de…", lance-t-il, son ton chargé d'indignation et de compassion.
L'appel de l'Abbé Pierre, diffusé à travers toute la France, provoque un émoi immense. Les citoyens, sensibilisés à la détresse des sans-abri, se mobilisent en masse. Des dons affluent, des bénévoles se proposent d'aider, et des initiatives solidaires se multiplient dans tout le pays.
L'appel de l'Abbé Pierre, un moment décisif dans l'histoire de la solidarité en France, marque un tournant dans la perception de la pauvreté et de l'exclusion. Il met en lumière la fragilité des plus démunis et appelle à une prise de conscience collective.
L'Abbé Pierre, avec son appel poignant, devient un symbole de l'engagement contre la pauvreté et l'injustice sociale. Il attire l'attention sur un problème souvent ignoré et incite la société à se mobiliser pour aider les plus démunis.
L'appel de l'Abbé Pierre, un moment historique qui a marqué les esprits, reste aujourd'hui un symbole de l'engagement pour la solidarité et la justice sociale. Il rappelle l'importance de la compassion, de l'entraide et de la mobilisation collective face à la détresse des plus démunis.
Carrière Politique
Après la guerre, l'Abbé Pierre est sollicité par Pierre-Henri Teitgen, figure importante du jeune Mouvement républicain populaire (MRP), ainsi que par certains membres de l'entourage du général de Gaulle pour se présenter aux élections de l'Assemblée constituante. Il accepte de se présenter et opte pour la Meurthe-et-Moselle, département où Pierre-Henri Teitgen avait des attaches.
Il se présente comme candidat indépendant, à la tête d'une liste essentiellement composée de militants du MRP. Au terme d'une campagne active, déployée surtout en milieu ouvrier, il est l'unique élu de sa liste qui obtient 41 817 voix sur 231 983 suffrages exprimés.
Membre de la commission de la défense nationale, l'Abbé Pierre s'inscrit au groupe MRP auquel il a fini par adhérer, tout en soulignant que la vraie carte pour lui n'est pas celle de son parti, mais celle de sa conscience.
Il dépose deux propositions de loi en faveur des combattants de la Résistance et des réfractaires au STO; Il intervient à de rares reprises, la plus notable étant une demande d'invalidation des porteurs de la Francisque. Comme l'ensemble de son groupe, il rejette le projet constitutionnel le 19 avril 1946.
Aux élections du 2 juin, la poussée des voix du MRP (65 008 sur 244 662 suffrages exprimés) permet à sa liste de conquérir un deuxième siège. L'Abbé Pierre retrouve la commission de la défense nationale mais sa participation est plus modique encore qu'à la première Constituante. De toute évidence, le milieu et les rites parlementaires lui déplaisent même si, de son propre aveu, il ne cache pas son admiration pour Pierre Mendès France ou Robert Schuman, et si une vive amitié le lie désormais à Robert Buron. À l'inverse, ses relations avec Georges Bidault, principale figure du MRP et alors chef du gouvernement provisoire, manquent d'amitié.
A l'élection de l'Assemblée nationale le 10 novembre 1946, la liste qu'il conduit à nouveau accuse une nette régression (49 270 voix sur 233 709 suffrages exprimés) qui profite surtout au Parti républicain de la liberté qui emporte un troisième siège alors que le MRP perd son second élu. Désigné à la même commission que précédemment, et plus tard à la commission des pensions (1948) et à celle de l'intérieur (1951), l'Abbé Pierre est également juré à la Haute Cour de justice.
Tout au long de cette première législature, son activité parlementaire est plus soutenue que précédemment. À travers diverses propositions de loi, sa sollicitude va aux résistants et aux familles nombreuses. Ses interventions en séance ne manquent pas d'intérêt et d'originalité.
Ainsi introduit-il un amendement tendant à prévoir une contribution de un millième des dépenses militaires au profit des organisations fédérales mondiales (13 juin 1949), proposition qu'il faut relier à son appartenance au Mouvement fédéraliste universel; ou une demande d'interpellation sur le scandale de l'incarcération des objecteurs de conscience (13 octobre 1949). Ses votes sont globalement conformes à la discipline du groupe MRP dont il se sépare toutefois sur l'Indochine.
Ayant dénoncé le 20 novembre 1950 l'absence d'initiative diplomatique française en vue de mettre fin aux combats, il vote contre la politique indochinoise du gouvernement Pleven à laquelle le MRP est étroitement associé. De même votera-t-il contre la loi sur les apparentements, qu'il juge immorale, le 7 mai 1951.
L'année précédente, il a du reste quitté le MRP pour fonder avec quelques autres dissidents ⏤ Paul Boudet, député de l'Hérault, et Charles d'Aragon, député des Hautes-Pyrénées ⏤ le groupe de la Gauche indépendante.
C'est sans illusion que l'Abbé Pierre se présente aux élections législatives du 17 juin 1951, à la tête d'une liste de Défense des intérêts démocratiques et populaires composée de gens très humbles dépourvus de toute notoriété. Privé du soutien du MRP et de celui de la hiérarchie catholique, il n'obtient que 7,7 % des suffrages exprimés et perd son siège.
Cette expérience politique et parlementaire n'aura été qu'une parenthèse fermée sans regrets.
Héritage et Impact
L'héritage de l'Abbé Pierre est immense et s'étend bien au-delà du mouvement Emmaüs qu'il a fondé. Il a profondément marqué la société française et inspiré des millions de personnes à travers le monde. Son engagement pour les plus démunis, sa lutte contre l'injustice sociale et son appel à la solidarité ont laissé une empreinte durable sur la conscience collective.
L'Abbé Pierre a incarné un idéal de justice sociale et d'entraide. Il a montré que la compassion et l'engagement étaient des valeurs essentielles pour construire une société plus juste et plus solidaire. Son exemple a inspiré de nombreuses initiatives et associations caritatives, et a contribué à la sensibilisation du public aux problèmes de la pauvreté et de l'exclusion.
Son influence s'étend également au domaine politique. Son action a contribué à faire évoluer la législation et les politiques sociales en France. La loi sur le droit opposable au logement, adoptée en 2007, porte son nom, témoignant de l'impact durable de son combat pour le droit au logement.
L'Abbé Pierre a su mobiliser les consciences et créer un mouvement populaire. Son appel de 1954, qui a suscité une vague de solidarité sans précédent, a marqué les esprits et a démontré la puissance de l'engagement citoyen. Son engagement a inspiré des générations de bénévoles et d'activistes, qui se mobilisent pour lutter contre la pauvreté et l'injustice sociale.
L'Abbé Pierre est devenu un symbole universel de la solidarité et de la compassion. Son message, empreint de foi et d'humanisme, a traversé les frontières et a inspiré des initiatives similaires dans le monde entier. Son combat pour la justice sociale et son engagement pour les plus démunis continuent d'inspirer des millions de personnes aujourd'hui.
L'héritage de l'Abbé Pierre est un héritage de combat, de solidarité et d'espoir. Il nous rappelle que chacun peut agir pour construire un monde plus juste et plus fraternel. Son exemple nous encourage à nous engager pour la justice sociale, à lutter contre l'injustice et à faire preuve de solidarité envers les plus démunis.