Enfant mordu à la crèche : que faire ? Comprendre et réagir
Les enfants en crèche peuvent parfois être confrontés à des morsures. Il est crucial pour les parents et les professionnels de la petite enfance de savoir comment réagir de manière appropriée pour assurer le bien-être des enfants. Les morsures, bien que perturbantes, font partie du développement normal des enfants en bas âge.
Pourquoi les enfants mordent-ils ?
Mordre est un comportement courant chez les tout-petits. Les morsures peuvent être une réponse à diverses émotions et situations :
- Communication et expression des émotions : Les tout-petits ont souvent du mal à exprimer leurs besoins et leurs émotions. Ils peuvent recourir à la morsure pour communiquer lorsqu’ils se sentent frustrés, en colère ou confus.
- Phase d’exploration : Les bébés et les tout-petits explorent le monde qui les entoure avec tous leurs sens, y compris leur bouche.
- Réaction à la douleur : Un enfant peut mordre parce qu’il ressent de la douleur, par exemple, lorsqu’il fait ses dents.
- Besoin de s’affirmer : Les tout-petits développent leur individualité et leur indépendance.
- Copier les comportements : Les enfants observent et imitent le comportement des adultes et des autres enfants.
- La méconnaissance des limites : Les enfants en bas âge ont souvent du mal à comprendre les limites de ce qui est acceptable en matière de jeu et d’interaction.
Il est important de noter que la plupart des morsures chez les jeunes enfants ne sont pas motivées par la méchanceté, mais plutôt par leur incapacité à gérer leurs émotions ou à s’exprimer différemment.
La morsure fait partie d’une période normale de leur développement, même si tous les enfants ne mordent pas. Ce qu’il faut savoir, c’est que la morsure est fréquente en crèche, tant l’utilisation de la bouche, comme troisième main, est privilégiée par le jeune enfant pour découvrir le monde, les personnes et les objets, mais aussi pour dévorer et détruire. La morsure, c’est un acte impulsif, que l’enfant ne maîtrise pas. Elle peut traduire différentes choses, en fonction du contexte. Elle est tout autant un acte d’attaque, de défense ou d’amour.
La morsure peut être un acte d’amour. Certains bébés mordent leur parents, non pas pour leur manifester de l’agressivité, mais pour les « manger d’amour ». Les parents n’ont-ils pas parfois cette expression « je te croquerai bien ? », « tu es à croquer » ? Pour le bébé c’est la même chose, il veut dévorer sa mère ou son père, sauf que ce n’est pas imagé, mais bien concret pour lui.
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L’enfant n’ayant pas encore acquis le langage utilise son corps pour s’exprimer. Ainsi, la morsure peut être liée à ce besoin de dire à l’autre qu’il n’est pas d’accord, content, ou frustré. Le bébé ne peut pas trouver d’autres moyens de communication. Lorsqu’un enfant veut absolument le jouet que possède un autre enfant et que celui ci ne veut pas le lâcher, il le mord afin de l’obtenir. N’ayant pas encore de langage et étant pris par l’émotion, l’enfant agit par son corps : en poussant, tapant, ou en mordant.
La morsure peut s’expliquer lorsqu’un enfant est confronté à des changements, que ce soit dans sa vie familiale ou dans la collectivité. Les changements de repères génèrent chez certains de l’angoisse. Avoir des comportements agressifs, et notamment mordre, peut alors être un moyen d’exprimer un malaise. L’enfant va solliciter l’adulte de cette manière. Un déménagement, l’arrivée d’un petit frère ou petite sœur, un parent qui s’absente beaucoup….
Comment réagir face à une morsure ?
Du côté des professionnels de la petite enfance
Quand un enfant mord un autre enfant en crèche, les professionnels de la petite enfance doivent réagir de manière appropriée. D’abord, l’attention doit être portée à l’enfant qui a été mordu. Concernant l’enfant qui a mordu, la réponse doit être ferme, mais bienveillante. Il est crucial de lui expliquer que mordre fait mal et que ce n’est pas un comportement acceptable.
La première étape sera toujours de signifier cette limite infranchissable. Chaque âge, chaque situation et chaque enfant va nécessiter une proposition et une réponse différente. Tout le rôle de l’adulte va être de proposer d’autres type de décharges émotionnelles à l’enfant, acceptables socialement, et des clés pour entrer en relation avec les autres.
Il est essentiel de ne pas stigmatiser un enfant comme étant « l’enfant mordeur », le « méchant »… car plus il sera qualifié de tel, plus il risque de s’enfermer dans ces comportements là. Il est important de se dire que l’enfant est en construction et qu’il doit apprendre à gérer et contrôler ses émotions autrement.
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Le rôle de l’adulte est alors de signifier à l’enfant qu’il a le droit d’être en colère, de se sentir malheureux, de ne pas supporter certaines situations, mais qu’il n’a pas le droit de faire mal aux autres. À la crèche, il faut verbaliser beaucoup et émettre des hypothèses sur ce qui l’a amené à mordre.
Nous pouvons également proposer des objets ou peluches qui sont destinés à être mordus, afin de pouvoir répondre à ce besoin pulsionnel ou à la manifestation d’agressivité. De cette manière, l’enfant pourra investir cet objet afin d’y évacuer ses tensions agressives, ses frustrations.
Les enfants comme les adultes ne sont pas prêts à écouter quand ils sont pris par leurs émotions. La première étape est de laisser votre enfant aller au bout de cette émotion en toute sécurité. Il y a un réel besoin de s’armer de patience. Apprendre à se retenir, prendre du recul et adopter une nouvelle réponse, que vous l’aurez aidé à trouver par vos propositions, va demander beaucoup de temps à votre tout-petit.
Voici quelques conseils concrets :
- Adaptez votre langage : Assurez-vous d’utiliser un langage approprié à l’âge de l’enfant.
- Expliquez les conséquences : Aidez les enfants à comprendre que mordre peut faire mal aux autres.
- Parlez des émotions : Discutez des différentes émotions qui peuvent conduire à mordre, comme la frustration, la colère ou le besoin d’attention.
- Donnez des alternatives : Proposez aux enfants des moyens alternatifs d’exprimer leurs émotions.
- Rassurez-les : Pour les enfants qui ont été mordus, il est essentiel de leur assurer que ce n’est pas de leur faute et que l’adulte est là pour les protéger.
Du côté des parents
La communication avec les parents est essentielle dans la gestion de la situation. Dans le cas des parents de l’enfant qui a été mordu, l’information doit être délivrée avec tact et empathie. Pour les parents de l’enfant mordeur, la communication doit être tout aussi bienveillante. Il faut leur expliquer que la morsure est un comportement courant à cet âge, et que ce n’est en aucun cas un signe de violence future.
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Lorsque survient un incident, il est recommandé de parler aux parents et de leur expliquer ce qui s’est passé. Cela inclut les mesures prises pour garantir la sécurité de leur enfant. Cette transparence aide à éviter l’inquiétude et à renforcer la confiance mutuelle.
Il est essentiel de ne pas minimiser cet acte, mais en même temps, il ne faut pas lui attribuer une gravité démesurée. Il est important de clarifier auprès des parents que l’incident de morsure ne découle pas d’un manquement à la vigilance.
Si votre enfant montre des signes d’impulsivité physique, le coussin ou la balle à émotions sont des outils pertinents pour l’aider à décharger toutes ses tensions d’une manière adaptée, sans blesser l’autre ou le matériel.
Prévention des morsures à la crèche
La prévention est essentielle pour éviter les morsures en crèche. Isabelle Filliozat, une psychothérapeute, conférencière et essayiste française, souligne l’importance de comprendre les besoins et les émotions des enfants en expliquant que les adultes doivent garder leur calme et adopter une attitude bienveillante pour rassurer l’enfant et réduire son anxiété.
Pour éviter les morsures, il est crucial d’anticiper les situations de frustration et d’agression en offrant un environnement de jeu et d’apprentissage positif. Les activités de groupe et les routines structurées peuvent contribuer à réduire les situations de frustration.
Voici quelques mesures préventives :
- Séparer les enfants : Plus le nombre d’enfants dans un même espace est important, plus le risque de morsures et d’autres manifestations d’agressivité s’accroît.
- Analyser le contexte : Prenez le temps d’analyser le contexte précis, quand un enfant mord, tape, griffe : combien y a-t-il d’enfants dans la pièce ? Combien d’adultes ? Les adultes sont-ils posés au sol, debout ou en mouvement ? Sont-ils réunis dans un même coin ou répartis dans la section ?
- Repenser l’environnement : L’environnement influence considérablement les comportements des enfants.
L'importance de la communication
Lorsque les morsures sont trop nombreuses, elles incitent les professionnels à une remise en question, non pas sur leur professionnalisme, mais sur l’aménagement de l’espace, les jeux proposés, l’organisation et l’accompagnement des enfants. Tout cela est réfléchi. Des solutions sont cherchées pour pouvoir accompagner l’enfant, la famille, mais aussi pour créer une atmosphère qui ne soit pas génératrice d’agressivité. Il est important pour les familles de pouvoir exprimer leurs ressentis, mais il est tout aussi important pour les professionnels de ne pas culpabiliser et de susciter l’échange avec les familles. Lorsqu’un dialogue peut se créer, la confiance peut rester intacte, et les solutions peuvent être recherchées et trouvées ensemble.
En parlant ouvertement de la morsure en crèche, nous donnons aux enfants les outils pour comprendre et gérer cette situation. Face à une morsure en crèche, il est important d’adopter une attitude compréhensive, bienveillante et constructive. Le dialogue avec les parents est primordial et doit toujours être empreint d’écoute et de respect. La petite enfance est une période cruciale de la vie et les professionnels qui y interviennent jouent un rôle fondamental.