Laurent Cantet : Biographie, Parcours et Impact Cinématographique

Laurent Cantet, né le 11 avril 1961 à Melle (Deux-Sèvres) et décédé le 25 avril 2024 à Paris, était un réalisateur et scénariste français de cinéma et de télévision. Cinéaste humaniste qui tissait avec subtilité préoccupation sociale et enjeu romanesque, il remporte la Palme d'or au festival de Cannes 2008 pour son film « Entre les murs » (2008, drame).

Enfance et Formation

Laurent Cantet naît en 1961 à Melle dans les Deux-Sèvres, de parents instituteurs à Ardilleux (Deux-Sèvres). Fils d'enseignants, Laurent Cantet obtient une maîtrise d'audiovisuel à Marseille, puis intègre en 1984 l'IDHEC, où il se lie d'amitié avec de futurs cinéastes comme Dominik Moll, Vincent Dietschy ou encore Gilles Marchand.

Entretemps, il décroche le diplôme de la prestigieuse école, avec un film de fin d'études intitulé Chercheurs d'or.

Ce dernier l'engage en tant que chef opérateur sur son premier court métrage, L'Etendu (1987), puis renouvelle la collaboration en 1993 pour un autre court métrage intitulé Joyeux noël. Diplômé de la prestigieuse école en 1986 avec un film de fin d'études intitulé "Chercheurs d'or", Laurent Cantet signe pour la télévision un documentaire sur la guerre du Liban ("Un été à Beyrouth", 1990), avant de travailler comme assistant réalisateur sur Veillées d'armes (1994) de Marcel Ophuls.

Cinéphile dès sa période lycéenne, il obtient une Ma’eetrise d’audiovisuel à l’université de Marseille avant d’étudier le cinéma à Paris, au sein de la prestigieuse Idhec (Institut des hautes études cinématographiques).

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Début de Carrière et Premiers Succès

Les deux premières œuvres cinématographiques de Laurent Cantet en tant que réalisateur sont deux courts métrages : Tous à la manif, en 1994, interprété notamment par John Bertin et Michel Brun et qui reçoit le prix Jean-Vigo en 1995, puis Jeux de plage, avec entre autres Jean Lespert, Jalil Lespert et Julia Minguet, sorti la même année. Il se fait bientôt remarquer grâce à deux courts métrages dans lesquels il traite d'emblée deux de ses thèmes fétiches : la lutte des classes dans Tous à la ...

Après plusieurs années où il fréquente les tournages, en particulier ceux de ses complices de la société Sérénade productions, il réalise coup sur coup deux courts métrages primés dans de nombreux festivals : Tous à la manif (1994), inspiré par les mouvements de protestations lycéennes contre le Contrat d’Insertion Professionnelle proposé par le gouvernement Balladur, puis Jeux de plage (1995), où Jalil Lespert fait ses débuts de comédien.

En 1998, il réalise le téléfilm Les Sanguinaires pour Arte dans le cadre de la collection 2000 vu par... qui regroupe onze réalisateurs et réalisatrice français et internationaux.

Ayant réalisé pour Arte un téléfilm de la collection commémorative 2000 vu par’85, intitulé Les Sanguinaires, Laurent Cantet propose à la cha’eene un simple synopsis de film de fiction se déroulant dans le monde de l’entreprise, abordant la question d’actualité des 35 heures et mettant face à face un père et son fils.

Consécration avec "Ressources Humaines" et "Entre les Murs"

En 2000, il se fait mieux connaître du grand public avec son film Ressources humaines qui a la particularité d'avoir été diffusé à la télévision (Arte, chaîne coproductrice du film) la veille de sa sortie en salle. En 2001, le long métrage est notamment récompensé par le César de la meilleure première œuvre et par celui du meilleur espoir masculin pour Jalil Lespert.

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Le film, coécrit avec l’un de ses collaborateurs habituels, Gilles Marchand, est tourné avec des interprètes non professionnels, à l’exception de Jalil Lespert. Sorti au cinéma au lendemain de sa diffusion télévisée, Ressources humaines conna’eet un vif succès et son auteur empoche notamment deux César, un European Award et le Prix Louis-Delluc de la meilleure première œuvre.

Le 25 mai 2008, Cantet reçoit la Palme d'or lors du 61e Festival de Cannes, à l'unanimité du jury, pour son film Entre les murs. Le réalisateur français Laurent Cantet remporte la palme d'or au festival de Cannes en 2008 avec son film Entre les murs. Cette distinction n'avait pas été décernée à un film français depuis plus de vingt ans.

Thèmes Récurrents et Style Cinématographique

Depuis l'Idhec (1984), Laurent Cantet fouille des thèmes récurrents comme on retourne des couteaux dans une plaie: l'aliénation, l'individu face aux autres et, bien sûr, la filiation. Laurent Cantet aimait le collectif. Ce fils d'instituteurs avait gardé des liens forts avec ses camarades rencontrés sur les bancs de l'IDHEC en 1984, Dominik Moll, Gilles Marchand et Robin Campillo.

Ses récits sont d’abord des choix de décors : une calanque marseillaise, une usine normande, un collège du 20ème, un hôtel de tourisme sur une plage haïtienne, ou encore le toit d’une maison cubaine. De film en film, il n’aura jamais cessé d’explorer de nouveaux horizons, d’aller plus loin, et surtout de parler des autres, de s’intéresser sans relâche à d’autres vies que la sienne.

Ses films mettent en scène des groupes humains qui luttent ou tentent de vivre en harmonie. Son premier court métrage ne s'intitule pas pour rien Tous à la manif. Son premier long-métrage, Ressources humaines, met en scène un fils fraîchement diplômé d'une école de commerce parisienne en stage dans l'usine de Normandie où travaille son père ouvrier.

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Au cours du stage, il découvre qu'un plan de licenciement menace l'entreprise. Cantet s'affirme comme un cinéaste social, engagé. Son second film, L'Emploi du temps, coécrit avec Robin Campillo (futur réalisateur de 120 battements par minute), n'a pourtant rien d'un tract militant. Il traite encore du monde du travail, ou plutôt du rapport au travail, de façon subtile et ambigüe.

Avec son film suivant, Vers le Sud, inspiré d'un roman de l'écrivain haïtien Dany Laferrière, Cantet prend le large mais continue de mettre en scène les rapports de classe et les dynamiques de pouvoir.

"L'Emploi du Temps" : Une Œuvre Personnelle

L'Emploi du temps déguise-t-il l'esquisse d'une autobiographie? Cantet y fait jouer ses propres enfants. Et y soupèse un sentiment d'usurpation assez universel. «Je peux facilement remettre mon métier en question, lâche-t-il. D'autant qu'un cinéaste se tient toujours dans l'?entre-travail?. Vincent, qui est le scénariste de sa propre existence, endosse mon envie de fiction.

En contrepoint de cette présence matérielle de l'usine et de la violence des affrontements, L'Emploi du temps (2001) est un film en creux sur l'entreprise - ce qu'on lui donne et ce qu'on attend d'elle - et sur l'impossibilité pour un homme ordinaire (Aurélien Recoing) de maîtriser sa propre existence quand il perd son emploi.

Refusant le massacre qui concluait le fait divers (l'assassinat perpétré sur sa famille, en 1993, par Jean-Claude Romand) dont s'inspire le scénario, Laurent Cantet privilégie l'étude du mensonge qui permet au personnage de s'inventer une fausse vie, et met en lumière la férocité psychologique d'un contexte à la banalité pathétique.

L'Emploi du temps juxtapose trois pères. Celui de Vincent (Jean-Pierre Mangeot). Jean-Michel (Serge Livrozet), figure paternelle de substitution, qui, à l'image du héros, fait dans la contrefaçon (montres ou tee-shirts) et n'a pas vu sa fille depuis neuf ans. Vincent, dont le fils reproduit les mêmes schémas que lui.

Les héros de Laurent Cantet, 39 ans, tentent de concilier leur statut social et l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes. Ils le paient au prix fort: l'éclatement possible de la famille. C'était le cas dans Ressources humaines, conflit oedipien sur fond de 35 heures (joli succès critique, 140 000 entrées). A la fois film de genre et vertige métaphysique, L'Emploi du temps suit l'échappée mentale de Vincent (Aurélien Recoing).

Licencié, n'osant l'avouer et désireux d'échapper aux contraintes du travail, Vincent, afin de combler les attentes de sa famille cossue - mais aussi pour le plaisir d'errer - s'invente un poste de haut fonctionnaire à l'ONU. Fonction ronflante masquant une double vie de béances et d'arnaques. Réputé s'inspirer de l'affaire Romand, ce film inconfortable et magistral ne finit pas dans un bain de sang, contrairement au fait divers. «Seul le mensonge m'intéressait, précise le réalisateur. De l'univers de Romand restent la Suisse, les frontières, les autoroutes. Bref, l'idée que la place sociale s'accompagne d'une place géographique. Il n'y a aucune pathologie, aucune schizophrénie dans cette histoire.

Les Dernières Œuvres et l'Héritage

Cantet enchaîne en 2008 avec Entre les murs, d'après le livre de François Bégaudeau. Bien avant l’actuelle vague de films sur l'école (Un métier sérieux, La Salle des profs, Pas de vagues…), Cantet montre la salle de classe comme un microcosme de la société. Après Entre les Murs tout devient possible pour lui, mais rien ne sera plus jamais pareil. Il n’aura de cesse ensuite de vouloir revenir à l’essentiel.

Foxfire : Confessions d'un gang de filles n'ira pas sur la Croisette. Tiré du roman de Joyce Carol Oates, il met en scène une bande de jeunes filles aux États-Unis dans les années 1950. Leur cible : le machisme, l'emprise des hommes. Cantet continue à voyager avec Retour à Ithaque, coécrit avec l'écrivain cubain Leonardo Padura.

Dans L'Atelier, il plante sa caméra à La Ciotat et imagine Marina Foïs en romancière reconnue animatrice d'un atelier d'écriture pour des jeunes en insertion. Arthur Rambo, son ultime film, sorti en 2021, s'inspire de l'affaire Mehdi Meklat, du nom de la moitié du duo Mehdi et Badrou, surnommé «les Kids», porte-voix de la banlieue et de ses laissés-pour-compte à travers le Bondy Blog, puis sur France Inter dans l'émission de Pascale Clark, Comme on nous parle.

Cantet préparait un nouveau film, L'Apprenti, au côté de Marie-Ange Luciani, la productrice d'Anatomie d'une chute.

Hommages et Reconnaissances

C’est avec une grande émotion que nous avons appris la mort de Laurent Cantet, ce jeudi 25 avril, à l’âge de 63 ans. Il était le plus secret et le plus humain des cinéastes français. Le moins avide d’honneurs et de paillettes, aussi. Et pourtant, vingt ans après Maurice Pialat, il est le premier français à décrocher une Palme d’or à Cannes en 2008 avec Entre les Murs, une fiction sans équivalent, plus vraie que la vraie vie, plongée en apnée dans le bouillonnement survolté d’une classe de collège.

Filmographie Sélective

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