L'enfance de Max Verstappen : Une éducation à la course rude et sans pitié

Au plus loin que l'on remonte dans le passé de Max Verstappen, on ne trouve pour décor qu'un univers mécanique et pour environnement qu'une scène familiale tout entière dédiée à la course et la vitesse.

Max Verstappen n’a jamais caché qu’il devait beaucoup à son père Jos dans son éducation à la course - mais il n’a jamais caché non plus que cette éducation avait été rude, sans pitié, inconventionnelle. Plusieurs anecdotes sont remontées sur la rudesse de cette éducation.

Sous la tutelle de son père, Verstappen a commencé le kart à l’âge de 4 ans.

L'expression a déjà servi pour nombre de « fils de », de Jacques Villeneuve à Nico Rosberg en passant par Damon Hill, mais ici, elle tient vraiment la route car, fait rare, on ne parle pas seulement du père Jos, ancien pilote de F1, mais également de la mère, Sophie-Marie, qui fut une championne de karting.

Dès ses débuts en karting, Max a été accompagné sur les circuits par sa mère, Sophie-Marie, ancienne championne de kart, et son père, Jos, ex-pilote de F1.

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Championne de Belgique de karting, Sophie-Marie a remporté le prestigieux trophée Andrea Margutti en 1995 et dans les médias néerlandais, Christian Horner, le patron de Max Verstappen chez Red Bull, s'est amusé à raconter : « À partir de 1989, nous avons couru ensemble dans les Championnats du monde juniors. Elle était très talentueuse, elle battait des types comme Jan Magnussen, Giancarlo Fisichella et Jarno Trulli. Elle était dans le top 10 mondial à ce moment-là. »

Un environnement familial dédié à la course

« Oui, j'ai grandi dans une famille où tout tournait autour de la course. Et tout ce que je fais dans la vie a un rapport avec la compétition automobile », a expliqué le gamin à ses débuts, ajoutant avec une gravité qui révélera très vite une extrême maturité : « L'école ne m'intéressait pas. La seule chose que je faisais, c'était dessiner des pistes dans mes cahiers. J'ai toujours su que je serais pilote. »

Dans cette famille-là, il y a donc le père, Jos Verstappen, qui a couru 107 Grands Prix de F1 de 1994 à 2003 et obtenu deux podiums (en 1994, en Hongrie et à Spa) avant de s'aligner en Endurance (victoire aux 24 Heures du Mans en LMP2 en 2008).

Pilote coriace et casse-cou, surnommé « Jos the Boss » ou « Dutch Devil », il était considéré comme le meilleur Néerlandais de l'histoire jusqu'à l'avènement de son fils.

« La première fois que Max est monté dans un kart, il avait 4 ans, c'était à Genk, reprend Jos. Il voulait absolument grimper dans la voiture, ça paraissait la chose la plus importante pour lui. Cela lui a plu tout de suite et, depuis lors, on s'est rendu chaque semaine au circuit avec lui. Tout ce qui avait un moteur l'intéressait. »

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À 4 ans, Max Verstappen venait voir son père, alors pilote de F1 chez Arrows, sur quelques Grands Prix durant la saison. Parlant peu aux médias, l'homme a cette assurance - cette rudesse ? - des ambitieux qu'on retrouve chez Max.

« Je courais encore en F1 quand Max était petit puisque j'ai arrêté en 2003 (Max est né en 1997), alors mon fils a évidemment baigné dans un environnement de course. Il ne venait pas sur tous les Grands Prix car il était scolarisé, mais je l'ai emmené sur quelques courses. Il se baladait partout dans le paddock. C'était évidemment son monde et il s'y est senti tout de suite très à l'aise. »

Quand il accompagne son père sur les circuits, le gamin observe tout de son regard acéré. « Max était un enfant calme, poursuit Jos. Il pouvait rester seul, à écouter ce qui se disait dans les écuries, à regarder et à apprendre. Mais tout de suite, il a été rapide. On a su très tôt qu'il avait du talent. »

Après deux ans d'études secondaires, Verstappen quitte l'école. En 2008, ses parents divorcent. Une séparation tumultueuse marquée par un procès pour violences intenté contre Jos. Max part habiter avec son père, qui l'emmène sur les courses et prépare son moteur.

« Mes parents sont divorcés mais quand je rentre à la maison, des deux côtés, on continue de parler voitures », confiera Max.

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Une formation rigoureuse et exigeante

Tout d’abord, qu’il pleuve ou qu’il fasse - 3 degrés, Jos exigeait un entrainement sans interruption.

« Je me souviens qu’il avait probablement huit ou neuf ans ou quelque chose comme ça. « Alors, on a fait 10 tours. Il avait froid. J’ai dit "OK, va te réchauffer", et trois minutes plus tard [Max n’est pas revenu] - "Putain, où est-il maintenant... Allez ! [et Max disait] "J’ai toujours froid". « Et il ne pouvait pas bouger ses doigts, et je m’en foutais. « Et puis, quand les doigts se réchauffent à nouveau, il a dit que c’était très douloureux.

« Même dans les courses où il gagnait si facilement, par exemple, je lui disais qu’il ne pouvait pas dépasser dans un certain virage ou une certaine partie de la piste. C’était juste pour lui rendre la tâche plus difficile, pour trouver d’autres moyens de doubler ou non. »

Max Verstappen a déjà témoigné à plusieurs reprises sur son enfance, et sur la manière dont son père Jos l’a coaché pour lui apprendre à devenir pilote de course. "J’étais détendu, ce que mon père n’aimait pas. Je ne compte plus les fois où j’ai entendu que je deviendrais un conducteur de camion car j’étais trop détendu et fainéant, selon lui. "Ou encore ’tu n’y arriveras jamais’.

Il assure avoir trouvé en cette relation conflictuelle a forgé sa motivation : "Cela m’a encore plus motivé, de vouloir prouver cela à mon père. Que c’était possible, que j’étais assez rapide et que j’étais assez impliqué.

Mais le meilleur exemple reste peut-être celui de la station-service. A la CIK-FIA KZ2 World Cup de 2012 (mondial de karting), Max Verstappen s’était qualifié premier, mais un problème de boîte de vitesses l’avait relégué à la 10e place sur la grille pour la course qualificative principale. Max Verstappen admet aujourd’hui son erreur... « C’était un peu stupide et inutile. Alors je me suis crashé.

« Mon père avait déjà investi beaucoup de temps les années précédentes, à préparer les moteurs, à s’assurer qu’une fois que je serais dans cette catégorie, tout serait prêt. « Il a cassé la tente, tout, il l’a jetée dans le van. « On s’est assis dans le van en rentrant à la maison. « Et toute la semaine suivante, je ne lui ai pas parlé.

L'an dernier, le fils s'est souvenu dans le quotidien anglais The Telegraph d'une compétition de karting à 15 ans, en Italie. « J'aurais dû gagner la course facilement. Au premier tour, quelqu'un m'a doublé et j'ai voulu regagner ma place tout de suite. J'ai essayé de le passer dans un virage très rapide, il ne m'a pas vu et on s'est tapés. Mon père avait travaillé très dur sur ma voiture et j'avais tout foutu en l'air. Il était très en colère et ne m'a pas parlé. Sur le chemin du retour, à environ huit kilomètres de notre résidence, on s'est disputés. »

Le père le vire alors du van en lui disant de rentrer à pied. Max appelle sa mère pour venir le chercher. Père et fils ne s'adresseront plus la parole de la semaine.

« Je n'ai jamais eu de mauvaises surprises en F1 parce que personne n'a été aussi dur avec moi que mon père », dira Max.

Jos Verstappen a fait de son fils une machine de course avec une intelligence hors du commun.

« En tant que père, vous voulez toujours aider votre fils le mieux possible. Jos Verstappen se défend d’avoir eu de mauvaises intentions, lui qui a toujours assuré avoir voulu renforcer le caractère de son fils : "J’ai essayé de préparer Max du mieux que je pouvais. J’ai vraiment tout fait.

Frits van Amersfoort, le directeur sportif chez VAR, l'écurie de F3 dans laquelle a couru Max durant un an, juste avant la F1, nuance pourtant : « Jos l'a toujours poussé à aller plus loin. Gagner avec une marge de dix secondes n'était jamais suffisant. Jos a fait de son fils une Racing Machine. Mais une machine avec une intelligence hors du commun. »

Une ascension fulgurante vers la Formule 1

Tout dans la carrière de Verstappen se rapporte ainsi à cette prédisposition familiale, à commencer par son incroyable précocité, par ce sentiment d'urgence à gagner, de temps ultra-pressé, qui semble couver en lui.

Il débute la compétition de karting en 2005 ? Dix ans plus tard, il entre en F1, devient le plus jeune pilote jamais aligné en Grand Prix et le plus jeune à marquer ses premiers points avec l'écurie Toro Rosso à 17 ans pour sa deuxième course (7e en Malaisie en 2015).

Un an après, bingo, première victoire à Barcelone et nouveau record : à 18 ans, 7 mois et 15 jours, Verstappen est le plus jeune vainqueur de l'histoire de la Formule 1, loin devant l'Allemand Sebastian Vettel (victorieux à 21 ans, 2 mois et 11 jours en Italie en 2008).

« À 17 ans, il était en F1. Moi, au même âge, j'en étais à des années-lumière, je quittais tout juste l'Australie pour l'Italie, avoue son ex-coéquipier chez Red Bull, Daniel Ricciardo, 30 ans, aujourd'hui dans l'équipe Renault. C'est fou et impressionnant.

De son enfance dans les paddocks, Max Verstappen a tiré aussi une insolence, une façon de piloter, agressive, arrogante, forte de la certitude des gens bien nés. Elle lui a valu à ses débuts le surnom de Mad Max en raison de plusieurs accrochages en course et d'une parole parfois cinglante envers ses adversaires.

Max Verstappen est devenu champion du monde de F1 pour la première fois de sa carrière en terminant premier du Grand Prix d’Abu Dhabi, devançant Lewis Hamilton d’un dernier tour unique et d’une saison intense.

En 2015, il est promu en Formule 1 pour remplacer Jean-Éric Vergne chez Toro Rosso, l’écurie sœur de Red Bull. Il n’y reste pas longtemps, rapidement appelé dans l’écurie mère Red Bull, où il s’impose dès sa première course à Barcelone en tirant profit de l’accrochage de Rosberg et Hamilton au premier tour.

Pour son premier Grand Prix avec Red Bull, Max Verstappen s’impose en Espagne et signe sa première victoire à 18 ans.

Désormais numéro 1 assumé de l’écurie autrichienne, il est clairement présenté comme un futur champion. Pour Max Verstappen, c’était la dernière marche avant de se présenter comme un candidat crédible au titre.

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