Simone Weber : Une vie marquée par le crime et la tragédie
Simone Weber, surnommée « la diabolique de Nancy », est décédée le 11 avril 2024 à l'âge de 93 ans à Cannes dans les Alpes-Maritimes. L'avocate de Simone Weber, Maître Liliane Glock, confirme ce jeudi 11 avril à France Bleu Sud Lorraine le décès de sa cliente Simone Weber, à l'âge de 94 ans.
Celle qui naquit à Ancerville et y vécut durant 17 années sera au cœur d’une des plus passionnantes enquêtes criminelles de la fin du XXe siècle. Condamnée en 1991 à 20 années de réclusion criminelle pour le meurtre de son compagnon Bernard Hettier, elle avait en revanche été acquittée de celui de son deuxième époux, Marcel Fixard.
Les affaires judiciaires
Simone Weber a été condamnée en 1991 à vingt ans de réclusion criminelle pour le meurtre et le démembrement, à la meuleuse à béton, de son ancien amant, Bernard Hettier. Lors de ce même procès, la justice l'a acquittée pour le meurtre de son deuxième époux, Marcel Fixard.
Abattu d’une balle dans la tête avec une 22 long rifle équipée d’un silencieux, Bernard Hettier sera découpé en morceaux à la meuleuse à béton dans l’appartement nancéen de Simone dès le 22 juin au soir. Un tronc humain repêché le 15 septembre 1985 dans la Marne, à Poincy (Seine-et-Marne), avait finalement, après de longues expertises, hésitantes et contradictoires, été attribué au disparu.
En 1980, elle a épousé cet adjudant-chef de la coloniale à la retraite, en grande discrétion à Strasbourg. L’homme, réputé pour sa santé de fer, est décédé 20 jours plus tard d’une crise cardiaque, léguant tous ses biens à Simone Wéber… Le magistrat fait exhumer le corps, persuadé qu’il a ingéré à son insu de la digitaline. Rien ne sera prouvé et de ce chef, elle sera acquittée.
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Au terme d’un procès-fleuve de six semaines, le 28 février 1991, Simone Wéber est condamnée à 20 ans de réclusion pour le meurtre de Bernard Hettier et accessoirement pour le vrai-faux mariage avec Marcel Fixard. Après 14 ans de prison, libérée en 1999, Simone Weber s'était établie sur la Côte d'Azur.
Les éléments troublants
Après la disparition de Bernard Hettier, play-boy de province et bricoleur serviable, elle fait téléphoner son cousin à la maîtresse de Bernard Hettier pour lui annoncer qu'il ne viendra pas. Elle demande à son gendre de se faire passer pour le disparu afin d'envoyer un certificat à son employeur pour expliquer son absence.
Plus tard, on retrouvera la voiture de Bernard dans un parking à Cannes, loué sous un faux nom par sa soeur, Madeleine. Et, dans le coffre, une meuleuse à béton appartenant à Simone et qu'elle avait déclarée volée.
Une vie personnelle marquée par la tragédie
Simone Weber naît le 28 octobre 1930 à Ancerville, d’un père mécanicien et d’une mère ouvrière. Ses parents se séparent alors qu’elle a 4 ans. Avant de mettre à la porte un mari devenu alcoolique, Simone aura mis au monde cinq enfants.
Simone Weber se bat pour joindre les deux bouts, fait quelques compromis avec la légalité pour la bonne cause, et semble basculer un jour précis, celui de la mort de sa fille Catherine âgée d’à peine 16 ans, décédée au collège. Son fils Philippe se suicide à 22 ans en entrant au service militaire. Deux enfants perdus, Simone Weber est en roue libre face à la normalité, à la légalité et la morale, et fera de sa vie une accumulation de faux, mensonges, dissimulations, pour glaner un confort de vie jamais atteint, à tout prix chercher la réparation.
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Née en 1930 dans la Meuse, divorcée, elle a perdu deux de ses enfants : sa fille est décédée d’une overdose de sirop pour la toux dans son lycée nancéen, son fils s’est donné la mort pendant son service militaire. Dans les années 1970, elle s’engage auprès des maoïstes des comités "vérité et justice" dénonçant les failles de la justice française, assurant que sa fille a été victime de négligence.
La personnalité de Simone Weber
Avec ses bouclettes rondes mises en plis par ses soins, son regard polaire, ses tenues impeccables et son coquet sac à main, Simone Weber, 82 ans, évoque la petite bourgeoisie de province, la messe du dimanche, les thés dansants, les parties de rami et de bridge. On lui donnerait le Bon Dieu sans confession. Cette mère de cinq enfants a pourtant passé 14 ans de sa vie en prison.
Mais, contre vents et marées, elle n'a jamais cessé de nier, avec un aplomb et un bagout inégalables, le meurtre de son amant Bernard Hettier. Tous ou presque ont été répudiés, de Me Collard à Me Vergès, ce dernier pour avoir expliqué face aux assises : "Le juge Gilbert Thiel a voulu faire de cette femme une chimère avec les couilles de Landru et les ovaires de Marie Besnard." Mais Simone, fidèle à sa logique mystérieuse, déteste les grossièretés et les familiarités.
Elle sait que sa condamnation repose sur un faisceau d'indices plus que troublants, mais qu'il manque des preuves irréfutables : un crime sans aveu et, en guise de cadavre, un tronc retrouvé dans une valise qui n'a jamais été formellement identifié comme étant celui du disparu, faute d'expertise génétique.
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