TUC et SIVP : Impact sur la Retraite et Défis Actuels
Vous faites partie des Français ayant effectué des Travaux d’utilité collective (TUC) ou un autre contrat aidé dans les années 1980 ? Plus d’un million de Français ont effectué un contrat TUC (Travail d’Utilité Collective) entre 1984 et 1990, proposé par l’État français pour endiguer le chômage.
Entre 1984 et 1990, plus d’un million de jeunes ont évité le chômage grâce aux Travaux d’utilité collective (TUC). Vous faites partie des 2,85 millions de Français ayant effectué dans les années 1980 des travaux d’utilité collective (TUC) ou un autre type de contrat aidé (stage pratique en entreprise du plan Barre, stage Jeunes volontaires, stage d’initiation à la vie professionnelle ou programme d’insertion locale) ?
Quant aux SIVP (Stage d’Initiation à la Vie Professionnelle), ils ont été effectifs entre 1984 et 1988. Ils étaient destinés à des jeunes sans qualification ou demandeurs d’emploi, rémunérés entre un tiers et la moitié du Smic. Devenus une forme d’emploi précaire (six mois maximum) et très bon marché (salaire réduit et absence de cotisations sociales), certaines entreprises en ont usé et abusé, causant leur suppression.
Les Droits à la Retraite : Une Semi-Victoire
À l’approche de la retraite, ils ont découvert que leurs contrats n’étaient pas pris en compte par l’assurance-retraite. Depuis la réforme des retraites de 2023, ces dispositifs ouvrent des droits à la retraite, ce qui n’était pas le cas auparavant. Afin de réparer cette injustice, deux députés, Paul Christophe (Horizons) et Arthur Delaporte (Socialistes), avait déposé le 15 décembre dernier une proposition de loi.
La réforme des retraites a réparé une partie de l’injustice dont vous étiez victime : les TUC et contrats aidés réalisés dans les années 1980 permettent désormais d’ouvrir droit à la validation d’un trimestre de retraite pour chaque période de 50 jours de stage, dans la limite maximale de 4 trimestres. Ces contrats aidés génèrent désormais un trimestre pour chaque période de 50 jours de stage, consécutifs ou non, dans la limite de quatre trimestres.
Lire aussi: Causes du hoquet au premier trimestre
La réforme des retraites de 2023 a permis d’obtenir une semi-victoire. C’est grâce aux revendications de ses adhérents, relayées par de nombreux parlementaires au gouvernement, que la réforme des retraites a amélioré la reconnaissance des TUC pour la retraite. Ces trimestres travaillés peuvent désormais être assimilés.
La validation des trimestres de TUC est effectuée par année civile : cela signifie que chaque année, 50 jours de TUC donnent droit à 1 trimestre. 👉🏻 Exemple : j’ai effectué une période de TUC du 1er février au 30 avril 1982, puis du 1er novembre 1982 au 31 mars 1983. 🔵 à calculer la moyenne de vos 25 meilleures années, si toutefois il en fait partie.
Le Combat pour la Carrière Longue
Mais l’association « TUC, les oubliés de la retraite » pointe un autre problème de taille, qui n’a pas été résolu par la réforme. Or, ces trimestres travaillés n’ont pas été comptabilisés dans le calcul des retraites pour les carrières longues. Mais l’avancée accordée ne convient pas aux anciens « tucistes ».
Car les trimestres acquis au titre des TUC et autres stages sont dits assimilés et non cotisés. Autrement dit, ils comptent pour la durée d’assurance requise pour percevoir une retraite à taux plein mais ne sont pas pris en compte pour l’octroi d’une retraite anticipée pour carrière longue (RACL). Pour avoir une carrière longue, il faut avoir la totalité de ses trimestres réputés cotisés.
En revanche, la réforme des retraites n’a pas inclus les trimestres TUC dans la liste des trimestres gratuits limitativement retenus pour ouvrir le droit à un départ en carrière longue. L’association « TUC, les oubliés de la retraite » déchante : les décrets portant application de la réforme des retraites ne permettent pas aux anciens TUC de bénéficier du dispositif de carrière longue. Ces périodes ne comptent pas pour le dispositif de « carrière longue ».
Lire aussi: TUC : comment ça compte pour la retraite ?
Cependant, cette victoire garde un goût amer. « Les applications ne sont pas en phase avec ce qui avait été promis », pointe Yves Coussement. Or, ils peuvent désormais, si on en fait la demande, être assimilés, ils ne peuvent donc pas rentrer dans le calcul de la carrière longue.
Bonjour, il me semble avoir lu que les trimestres acquis pour les SIVP ne comptent pas pour la carrière longue, car ils ne sont pas cotisés. Pour le trimestre SIVP, cela dépend : s'il est cotisé (les cotisations étaient prises en charge par l'État), il compte bien pour la carrière longue.
Actions et Revendications de l'Association « TUC, les Oubliés de la Retraite »
Pour faire valoir leurs droits, ils ont créé en 2022 l’association « TUC Les Oubliés de la retraite ». Afin de faire valoir les droits des anciens TUC, l’association a déposé en juin une requête devant le Conseil d’État pour demander une modification du décret du 19 mars 2014 relatif à la retraite anticipée au titre des carrières longues afin que soient prises en compte, « dans leur totalité et sans limitation, les périodes de travail effectuées dans le cadre de ces stages de la formation professionnelle, en particulier sous le régime des TUC », est-il écrit dans la requête que Capital a pu consulter.
Pour tenter de faire valoir les droits des anciens TUC, l’association a déposé en juin un recours au Conseil d’État afin de revoir les décrets d’application de la réforme des retraites. « Il n’est pas normal que des trimestres pour les congés maternité ou le chômage soient pris en compte pour la carrière longue et que ce ne soit pas le cas pour les TUC », s’insurge Yves Coussement auprès de nos confrères. L’association ne baisse pas les bras et espère toujours que ces trimestres soient pris en compte pour les carrières longues.
Leur combat, c’est qu’un maximum de personnes sachent qu’elles peuvent faire justifier ces trimestres et ainsi faire valoir leurs droits. Leur stratégie est avant tout de se faire connaître, l’association compte aujourd’hui 500 adhérents. « Ce n’est pas beaucoup. Il y a eu 3 millions de contrats TUC, mais comme en moyenne les personnes avaient deux contrats TUC, on est à peu près à 1,5 million à espérer pouvoir récupérer des trimestres », explique Yves Coussement, trésorier et webmaster de l’association.
Lire aussi: Trimestre retraite : l'année 1983
La stratégie de l’association est avant tout d’occuper le terrain, aussi bien sur le plan médiatique que politique, afin de se développer, d’accroître son influence et ainsi pouvoir faire pression. En parallèle, les membres de l’association continuent de discuter avec les politiques. Ses membres ont ainsi intensifié les démarches juridiques, ils ont saisi le Conseil d’État et attendent maintenant une réponse avant le mois de juillet.
Démarches à Suivre
En attendant une éventuelle avancée, les anciens bénéficiaires des TUC et autres contrats semblables âgés d’au moins 55 ans peuvent depuis l’an dernier faire reconnaître ces périodes d’activité par l’Assurance retraite. Vous constatez que votre stage professionnel ou vos TUC n’y figurent pas ?
Pour cela, il leur suffit de se connecter à leur espace personnel sur Lassuranceretraite.fr, sélectionner le service « Déclarer mes stages et Travaux d’utilité collective (TUC) », puis procéder à la déclaration en indiquant les dates de début et de fin de la période de stage et en joignant les justificatifs demandés (contrat de travail, bulletins de salaires, etc.). Avec ce service, vous visualisez d’un seul coup d’œil l’ensemble des informations relatives à votre carrière comme un CV.
Positionnez-vous sur l’année pendant laquelle vous avez effectué un stage ou des TUC et ajoutez cette période, en précisant la date de début et la date de fin. Sachez que vos déclarations sont conservées 30 jours. Si le délai d’une année après l’exécution du stage est expressément cité, tout le monde sait que dans la réalité, la caisse risque d’avoir à examiner des documents beaucoup plus récents.
Si vous avez réalisé un contrat TUC, n’hésitez pas à rejoindre l’association et surtout faire valoir vos droits en récupérant vos trimestres ! Vous avez effectué des stages de la formation professionnelle (stages pratiqués en entreprise, stages jeunes volontaires, stages d’initiation à la vie professionnelle, programmes d’insertion locale) et/ou des TUC ? Vous êtes concerné et vous vous demandez comment déclarer ces périodes ?
Enjeux et Perspectives
Les trois prochaines années seront d’ailleurs cruciales, car un grand nombre de personnes ayant travaillé sous contrats TUC atteindront l’âge de la retraite. Elles devraient alors réaliser qu’il leur manque des trimestres sur des périodes où elles pensaient avoir cotisé et ainsi se rendre compte de la supercherie. Ce combat est une course contre la montre.
« Le temps joue en leur faveur. Nous, en tant que retraité, plus on tarde et plus on perd de temps. D’autant que si la réforme est passée en 2023, ce décret n’est sorti qu’en avril 2024. Encore aujourd’hui, de nombreuses personnes ne parviennent pas à valider leurs trimestres à cause d’un manque de personnel formé à ce sujet.
Mais si ces trimestres n’ont pas été réputés cotisés, c’est avant tout pour une question de budget. « Vu qu’ils sont encore en train de parler de réduction de coût, le Premier ministre a dit qu’ils allaient discuter en conclave mais qu’il ne fallait pas que ça coûte plus cher.
Marie-Claire Stahl, présidente de l’association, affirme qu’on leur avait dit qu’ils cotisaient sur des trimestres. Ils se sont aperçus, quarante ans plus tard, qu’ils cotisaient en fait sur un forfait qui ne leur permettait pas d’obtenir ces trimestres dans le calcul de leur retraite. Sinon, beaucoup vont passer à côté et travailler plus.
Ces contrats avaient été mis en place pour baisser les chiffres du chômage entre 1984 et 1990 et étaient utilisés aussi bien par les grosses associations d’utilité publique que les mairies, les hôpitaux, les bibliothèques, les éboueurs et même des structures privées via les SIVP. Yves Coussement était quant à lui diplômé et directeur de classe de neige, l’association qui l’embauchait lui a demandé de cacher ses diplômes, de s’inscrire au chômage afin d’être réembauché via un contrat TUC.
« J’étais dans une grande surface, j’occupais un vrai emploi, on est des centaines comme ça, et c’étaient des temps-pleins. « C’était une manière pour les associations de payer moins cher leurs employés puisque l’État prenait en charge une partie de la rémunération », se souvient-il.