Définition et enjeux de la relation mère-fils et de l'inceste

La relation mère-fils est une relation unique et privilégiée, parfois au point de tourner à l'obsession. Il est essentiel de comprendre les enjeux et les dynamiques de cette relation pour préserver son équilibre et son harmonie.

L'interdit de l'inceste : une universalité aux formes variées

Dans un entretien accordé au journal "Le Monde", l'anthropologue Maurice Godelier décrypte le sens de l'interdit de l'inceste, présent depuis des millénaires dans toutes les cultures. L’inceste, au-delà de ses multiples formes culturelles, désigne le fait d’interdire aux parents d’avoir des rapports sexuels avec leurs enfants, et d’interdire aux frères et sœurs d’avoir des rapports sexuels entre eux.

Toutes les sociétés humaines font de l’inceste un tabou, mais cette universalité revêt des formes très différentes. Chaque culture détermine en effet la composante commune qui fonde cette prohibition : la notion dont j’ai parlé − « identique/différent » − varie d’une société à une autre.

Il faut cependant faire attention : dans de nombreuses sociétés, étant donné la nature du système de parenté, tous les frères du père sont considérés comme des pères de l’enfant, toutes les sœurs de la mère sont considérées comme des mères de l’enfant, et tous leurs enfants sont considérés comme des frères et sœurs de l’enfant.

Ces systèmes montrent clairement que les sociétés font la différence entre la parenté comme rapport social, qui peut s’étendre à de nombreuses personnes, et la parenté corporelle, qui ne concerne que deux personnes que nous appelons, en Occident, les parents biologiques.

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Dans les sociétés occidentales, le christianisme a modelé pendant deux millénaires les interdits en matière de pratiques sexuelles. Pour comprendre les représentations de l’inceste qui se sont répandues à partir du haut Moyen Âge, il faut évoquer un principe que la Bible fait remonter à Adam et Ève : en s’unissant sexuellement, un homme et une femme, mariés ou non, ne forment qu’une seule chair, et cette chair est aussi celle de leurs enfants − c’est le dogme de la « una caro ». Ce principe chrétien a considérablement élargi le champ de la prohibition sexuelle de l’inceste.

Exceptions à la règle : l'inceste dans certaines sociétés anciennes

Elle est quasiment universelle, mais elle comporte de rares exceptions qui ont un sens profond. Dans certaines sociétés − la Perse antique, l’Égypte antique ou l’Empire inca, par exemple −, l’inceste entre parents et enfants était strictement interdit, mais l’union d’un frère et d’une sœur était, au contraire, le mariage le plus valorisé socialement et religieusement.

La relation mère-fils : entre amour et distance

Le lien mère-fils est une relation unique, elle fait écrire à Romain Gary : « Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais ». Comment expliquer ce lien si fort, fondateur et fondamental dans la vie d’un homme ? Ce lien célébré dans la littérature, le cinéma, la chanson, les séries, la peinture. De Proust à Albert Cohen, d’Almodovar à Allo Maman bobo de Souchon.

Alors, dans ce duo universel mère-fils, quelle est la distance idéale ? Cette bonne distance qui n’étouffe pas et qui permet à l’enfant et au futur adulte de s’épanouir. Comment cette relation influence-t-elle la vie affective des fils ? Quelles sont les conséquences à l’âge adulte de l’amour inconditionnel maternel ou au contraire de son absence ?

Définition du lien mère-fils

Pour Nicole Prieur, thérapeute pour enfants, il y a “un écho presque existentiel qui se passe entre la mère et le fils”. La mère a une image ultra protectrice pour la plupart des hommes qu’elle a rencontrés en thérapie, un amour inconditionnel. “Les bras d’une mère sont là, ils vous entourent”, les hommes se tournent très souvent vers leur mère lors de problèmes.

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La psychanalyste Virginie Megglé explique que pour un garçon, la peur inconsciente de perdre sa mère est permanente. Par exemple, l’écrivain Albert Cohen a écrit son amour inconditionnel pour sa mère, amour à tel point qu’il n’est pas allé à son enterrement, ne pouvant, inconsciemment, se détacher d’elle. À l’inverse, nombre de fils reprochent à leurs mères d’être trop froides.

Mais la thérapeute rappelle que “c’est une relation qui ne cesse de se transformer” : dans l’enfance, on a une mère hyperprotectrice, à l’adolescence se fait une rupture quand l’ado doit se couper pour accéder à d’autres amours et amitiés, avec la fin des fameux bisous de maman devant l’école. Et ce n'est pas fini, le lien se redéfinira encore lorsque les garçons deviennent père à leur tour. “C'est une relation qui se cherche constamment entre attachement, détachement, proximité et séparation, ça se cherche.”

L'influence de la mère sur la construction du fils

Finalement, on se construit fille sous le regard de son père et garçon sous celui de sa mère. “C’est le regard que vont renvoyer les parents à ce garçon ou cette petite fille qui vont l’aider à avoir une assise identitaire et à se construire”. La thérapeute Virginie Prieur précise qu’entre la mère et son fils ou le père et la fille, l’autre est un mystère. Il n’est pas constitué comme lui ou elle. “L’autre, inconnu de soi, c’est l’apprentissage de l’altérité.” Le relation mère-fils est un rapport à l’autre, un rapport mère-fille a une tendance plus facile à glisser vers la fusion, avec l'identité du sexe. Ainsi mère et fille cherchent toutes deux à se différencier, là ou mère et fils ont tendance à se rapprocher.

Les différents types de mères et leur influence sur les fils

Alain Braconnier a établi une petite typologie de cinq types de mères, chacune ayant une influence différente sur ses fils :

• La mère amoureuse : Son regard, ses gestes, ses mots témoignent de l’admiration amoureuse qu’elle voue à son fils, sur qui elle projette entièrement son idéal masculin. Le fils en retire une confiance en lui très solide.
• La mère surprotectrice : Anxieuse, intrusive, possessive et fusionnelle. Écrasés par cet amour féroce, ces fils grandissent dans l’anxiété, l’immaturité affective et la culpabilité.
• La mère distante : Parce qu’elle doute profondément de ses compétences maternelles, cette mère vit dans la crainte de mal faire, donc de faire souffrir son enfant. Parmi les fils de mères distantes se trouvent souvent les misogynes, voire les misanthropes.
• La mère castratrice : Qu’elle en ait conscience ou non, elle est en guerre avec les hommes. Dominatrice, autoritaire, elle fait marcher son petit monde à la baguette. Les fils de ces mères surpuissantes ont une attitude paradoxale.
• La mère bienveillante : C’est avant tout une femme heureuse, comblée par son compagnon, qui ne projette sur son fils ni attentes excessives ni idéal inaccessible. Cette mère « fait » des hommes confiants, bien dans leur masculinité et à l’aise avec le féminin.

L'incestuel : une ambiance familiale trouble

On parle de situation incestueuse lorsqu’il y a un inceste avéré, réel dans une famille - c’est-à-dire quand on a eu une relation sexuelle avec un membre de sa famille alors que la loi et la morale l’interdisent. L’incestuel évoque plutôt une ambiance trouble, ambigüe, souvent malsaine, dans une famille où les limites de cet interdit de l’inceste ont été mal posées et sont floues.

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Par exemple, quand on vit dans une famille où le parent insiste pour laver son ado alors qu’il a déjà 15 ans on peut dire que dans ce cas on grandit, malgré soi, dans une ambiance incestuelle.

Le concept « d'incestuel » a été mis en évidence dans les 80-90 par le psychiatre et psychanalyste français, Paul-Claude Racamier (1924-1996) à partir de sa clinique de la psychose dans la famille. L'incestuel, c'est la rencontre de plusieurs facteurs qui va permettre à ce dysfonctionnement de s'installer.

Les facteurs favorisant l'incestuel

• Une relation narcissique où l'enfant est un objet fétiche pour combler le vide intérieur du parent.
• Une confusion des places, comme le père qui occupe la position de la mère et inversement.
• Une confusion des registres relationnels, entre l'affection parentale et le sentiment amoureux.

Que faire en cas d'inceste ?

Être victime d’inceste c’est une forme de maltraitance. Avoir des relations sexuelles, subir des attouchements, recevoir des caresses mal placées de la part d’une personne de sa famille et/ou qui est d’une autre génération, c’est de l’inceste. Même si à certains moments on s’est senti flatté d’être autant désiré, même si on a jamais osé dire non, même si on aime cette personne, c’est interdit ! Cet adulte n’a pas le droit de nous infliger ça !

L’inceste sur mineur est interdit et sévèrement puni par la Loi. Il est alors essentiel dans ce cas d’en parler à un adulte de confiance (un parent, une tante, l’assistante sociale du collège, le CPE etc.…) qui pourra entreprendre les démarches pour que ça s’arrête, ou d’appeler le 119 (Allô Enfance en Danger).

Tu peux aussi écrire au Juge des enfants pour dénoncer cette forme de maltraitance ou au procureur de la République du TGI (Tribunal de Grande Instance) de ton domicile.

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