Nicole Bacharan: Biographie et l'histoire de sa mère résistante

Nicole Bacharan, historienne, politologue et spécialiste des États-Unis, est l'auteure de « La plus résistante de tous », un livre-enquête sur sa mère, Ginette Guy, résistante pendant la Seconde Guerre mondiale.

Un livre sur sa mère, Ginette Guy

L'historienne Nicole Bacharan vient d'écrire "La plus résistante de toutes" (Stock). Un livre consacré à sa mère, Ginette Guy, résistante pendant la Seconde Guerre mondiale.

Nicole Bacharan, historienne, auteure de "La plus résistante de toutes " (Stock), est l'invitée de 7h50. Un livre sur sa mère, Ginette Guy, résistante pendant la Seconde Guerre mondiale.

Spécialiste des États-Unis, Nicole Bacharan se livre, dans son dernier livre, à un exercice inhabituel : raconter l’histoire de sa propre mère. L’histoire d’une jeune résistante de 20 ans qui, en 1944, finit dans les mains d’un des pires tortionnaires de la Gestapo.

Un récit méticuleux et documenté

Il s'agit d'un récit méticuleux et documenté, un suspense qui monte au fil des pages.

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Pour reconstruire le parcours de sa mère, Nicole Bacharan a puisé dans ses souvenirs, les récits de première main, mais a mené aussi tout un travail d’enquête. Sur la période, la résistance à Toulouse et à Marseille, la vie en zone libre.

Le destin de Ginette Guy

Le destin de Ginette Guy bascule aux heures sombres de l’Occupation. Elle vit en zone libre, à Toulouse, où elle est venue de son Lézignan natal. Elle a à peine 20 ans, tombe amoureuse de Jean Oberman, un beau juif venu de Paris durant l’exode. Au fil des mois, l’étau se resserre autour de la communauté juive. En zone libre aussi. Son destin bascule alors. Ginette choisit son camp et entre en résistance.

Ginette Guy travaille chez un fourreur à Toulouse en 1942, alors encore en zone libre, lorsqu'elle tombe amoureuse de Jean Oberman. Il est juif et c'est d'abord par amour qu'elle va résister aux lois de Vichy et aux Allemands.

"C'est par amour qu'elle va ouvrir les yeux", assure l'auteure. "Elle assiste aux menaces, aux brimades, aux premières déportations, aux premières rafles. Elle voit également les dangers qui pèsent sur les enfants. Elle va aider à cacher dans un couvent le petit frère, la petite sœur de son amoureux et c'est effectivement sa première ouverture sur ce monde extrêmement sombre de l'antisémitisme et de l'Occupation", raconte Nicole Bacharan.

Elle s’est lancé là-dedans pas conviction, par honnêteté, mais sans savoir, raconte Nicole Bacharan. Elle savait ce qu’elle risquait comme on peut le savoir à 20 ans, en théorie.

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Marie-Claude dans la Résistance

Elle va devenir Marie-Claude dans la Résistance, son nom de code. Elle va prendre de vrais risques. A tel point que quand elle est arrêtée à l'été 1944, à Marseille, le chef de la Gestapo écrira dans ses dossiers, "elle est la plus résistante de toutes". Nicole Bacharan raconte son choc quand elle a découvert ces mots.

Ginette Guy va être battue et torturée. Des violences qu'elle ne racontera pas à ses enfants.

Une longue enquête historique

Ce livre est le fruit d'une longue enquête. "Je ne m'attendais pas à trouver autant d'éléments sur une jeune femme, restée anonyme et qui est dans les dossiers de la police et de la Gestapo", assure Nicole Bacharan.

"Je ne saurais pas dire à quel âge ma mère m’a dit telle ou telle chose. Elle en parlait peu. Les personnes très âgées qui ont connu cette période, à la fin de leur vie, en parlement souvent beaucoup.

"Je suis fascinée par la capacité que j'ai eue à ne pas voir", assure Nicole Bacharan. "En travaillant sur ce livre, je me suis aperçue que la génération qui a souffert n'a rien raconté et que les enfants n'ont rien demandé. Je pense que là il y a un phénomène psychologique de déni extrêmement fort, qui est un mode de survie et ce n'est qu'il y a trois ans, en découvrant les archives, que j'ai accepté de voir en face ce qui s'était passé", poursuit-elle.

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Nicole Bacharan fait le parallèle entre l'histoire de sa mère et la situation des pays en guerre actuellement. "Ce livre c'est une manière de dire : chacun, à la place où il est, peut faire quelque chose", assure-t-elle.

« On sous-estime beaucoup ce qu’était le régime de Vichy en zone libre. Le terme zone libre est trompeur, c’était la version française du fascisme, explique-t-elle.

Parcours professionnel de Nicole Bacharan

La journaliste se forme à l’Université de la Sorbonne, à l’Institut d’études politiques de Paris puis au Collège d’Europe en Belgique, lui permettant d’acquérir une très grande expertise en politique et particulièrement celle des Etats-Unis. Son diplôme en poche, elle devient chercheuse pour la Fondation nationale de Sciences Po ainsi que pour l’Université de Stanford en Californie.

Elle officie ainsi comme consultante sur Europe 1, où elle traite de la politique et des relations franco-américaines, et travaille également en tant que journaliste pour plusieurs chaînes dont TF1, M6, France Télévisions, LCP ou encore Arte. Aussi à l’aise sur la question raciale que sur les élections ou encore le droit des femmes, elle publie de nombreux ouvrages et dirige des conférences à travers le monde.

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