Surveillance du poids chez l'enfant : Guide complet
Le poids est un critère essentiel pour surveiller la santé et la croissance de l'enfant. Mais existe-t-il un poids idéal ? Comment savoir si son enfant a un problème de poids et que faire dans ce cas ? Cet article vous apporte des réponses et des conseils.
L'importance de surveiller le poids de son enfant
Contrôler le poids de son enfant sans en faire une obsession est essentiel pour éviter des problèmes d’obésité ou de maigreur avec le temps. Il est important de noter que, pour définir l’âge de l’enfant, nous nous baserons sur la définition donnée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, à savoir de 2 à 11 ans.
L’OMS (Organisation mondiale de la santé) rapporte que « au printemps 2022, les taux de surpoids et d’obésité ont atteint des proportions épidémiques et continuent de grimper puisque 28 % des enfants sont en surcharge pondérale ».
Poids idéal chez l'enfant : mythe ou réalité ?
« Comme chez l’adulte, le poids idéal chez l’enfant n’existe pas », rappelle la Dre Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste. Plus qu’un poids et une taille précis par rapport à un âge donné, le corps médical va plutôt s’appuyer sur des indicateurs de mesure tels que les courbes de corpulence représentées par l’IMC (Indice de masse corporelle).
Croissance "normale" ou "harmonieuse" ?
Beaucoup de parents veulent que leur enfant ait une croissance "normale". « Or dans le jargon médical et surtout en ce qui concerne les enfants, on préférera parler de croissance harmonieuse », éclaire la Dre Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste. Une croissance harmonieuse fera référence à la propre évolution de la courbe de l’enfant par rapport aux courbes présentes dans le carnet de santé.
Lire aussi: Surveillance poids enfant
Ces abaques ont été réalisés pour comparer la croissance de l’enfant par rapport à celle observée chez des millions d’enfants en bonne santé, du même âge et du même sexe. « Avant 3 ans, on sera surtout attentif au périmètre crânien, au poids et à la taille de l’enfant puis au-delà de cet âge, on ne s’intéressera plus qu’aux deux derniers, délaissant la mesure du périmètre crânien, si aucune anomalie particulière n’a bien sûr été diagnostiquée. »
L'IMC et les courbes de croissance : des outils essentiels
Se baser uniquement sur l’IMC (Indice de masse corporelle) ne permettra pas de caractériser une surcharge ou sous-charge pondérale chez l’enfant. En effet, au cours de la croissance, la corpulence peut varier de manière physiologique. En moyenne, la corpulence croît la première année de la vie, puis diminue jusqu’à l’âge de 6 ans, et augmente à nouveau jusqu’à la fin de la croissance du jeune.
« Il existe d’ailleurs des courbes en fonction du genre (garçon ou fille) du fait notamment, du développement de la masse musculaire différent chez les deux sexes », détaille la docteure.
Où trouver les courbes de croissance de référence ?
« Les courbes de croissance présentes dans le carnet de santé seront la référence en milieu médical en France », indique la Dre Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste. Dans un souci de cohérence par rapport à nos habitudes de vie (histoire, milieu social, climat….), les courbes de corpulence françaises et les seuils de l’International Obesity Task Force (IOTF) seront les plus adaptés.
Comprendre les courbes de croissance
Les courbes de croissance sont des graphiques où sont tracées des lignes courbes qui représentent l’augmentation attendue de la taille, du poids et du périmètre crânien (avant 3 ans) chez les enfants qui grandissent de façon normale. Chaque courbe représente ce que l’on appelle un « percentile ».
Lire aussi: Surveiller le poids de l'enfant
« Prenons l’exemple d’un enfant dont la taille se situe au 75e percentile. Cela signifie que si on le compare à 100 autres enfants en bonne santé, il sera plus grand que 75 d’entre eux et plus petit que 25 d’entre eux », illustre la Dre Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste.
Le fait qu’un enfant se situe à un percentile bas ou élevé ne signifie pas qu’il y a un problème de santé : « Il se peut, par exemple, que ses parents aient une taille ou un poids en dessous de la moyenne, ce qui pourrait être également le cas de l’enfant. C’est ce qu’on appelle le potentiel génétique. » Les médecins évaluent la croissance au fil du temps et non seulement à un moment précis.
Pic de rebond d'adiposité précoce
À partir de 5 ans, le médecin généraliste ou médecin pédiatre prêtera une attention particulière à la courbe de croissance afin de détecter une éventuelle remontée de la courbe de l’IMC : c’est ce qu’on appelle le rebond d’adiposité précoce. « Elle est dite précoce car c’est normalement plus à la puberté qu’elle se manifeste. Et plus ce rebond d’adiposité sera précoce, plus le risque d’obésité à l’âge adulte sera élevé », relève la Dre Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste.
Facteurs influençant le poids de l'enfant
Les problèmes de poids, qu’ils soient en excès ou en insuffisance, peuvent s’expliquer par différents facteurs cumulés ou non :
- Prédispositions familiales (maladies génétiques chez les parents, frères ou sœurs…)
- Comportement alimentaire non adapté (grignotage en cachette, dîners pris tardivement, mauvais choix alimentaires : trop sucrés ou trop salés, pas assez de fruits et de légumes…)
- Impact émotionnel (arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur dans la famille, divorce des parents, disputes familiales, problèmes scolaires…)
- Baisse d’activité physique (en lien avec l’augmentation du temps passé devant les écrans)
- Manque de sommeil : « des études ont démontré que les risques de surpoids semblent accrus chez les enfants qui ne dorment pas assez.
- Contexte économico-social (pouvant expliquer des choix alimentaires moins sains)
- Médicaments favorisant la prise de poids (antiépileptiques, psychotropes ou corticoïdes)
- Plus rarement, l’obésité ou la maigreur peut être liée à une maladie génétique ou endocrinienne.
- Prise de poids excessive lors de la grossesse.
L'attitude des parents : un rôle crucial
« L’attitude des parents est un vrai sujet car en voulant bien faire, certains peuvent faire peser une certaine forme de pression supplémentaire sur leur enfant et accentuer le problème de poids chez ce dernier », indique la Dre Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste. Il sera donc question de ne pas faire du poids une obsession mais de l’intégrer comme un travail collectif au sein de la famille.
Lire aussi: Développement Pondéral Enfant
« Au moment des repas, la maman ou le papa peuvent par exemple se montrer incitatifs avec leur enfant en lui demandant de les corriger s’ils mangent trop vite ou ne mâchent pas assez par exemple. On évitera aussi de préparer un repas spécifique à l’enfant avec un problème de poids, pour éviter de le stigmatiser. Au profit, chaque membre familial pourra faire un petit effort pour accompagner ce dernier à une alimentation plus saine et équilibrée.
« Enfin, l’alimentation ne devra jamais être source de punition ou de récompense », insiste la Dre Corinne Chicheportiche-Ayache. Certes, on évitera de donner à son enfant des sucreries ou des produits trop gras sans pour autant tout lui retirer. Car l’alimentation doit être un réel moment de plaisir et d’échange au sein de la famille.
Poids du bébé : les premières années
Tout au long de sa croissance, le poids d’un nourrisson sera surveillé pour estimer s’il grandit bien. Puis, plus tard, pendant l’enfance et l’adolescence, le pédiatre veillera aussi à la prise de poids de l’enfant ou de l’adolescent afin qu’il ne bascule pas dans le surpoids. La Dr Danièle Bloch, pédiatre, nous livre ses conseils pour rester dans la juste mesure et de ne pas faire du poids de l’enfant une obsession.
À la naissance, un bébé né à terme pèse entre 2,8 kg et 4 kg, pour une taille comprise entre 48 et 52 cm environ. Puis pendant ses premiers jours de vie, l’enfant perd du poids, quelques centaines de grammes, avant d’en reprendre. Ensuite, une fois la prise de poids confirmée sur plusieurs jours, le bébé pourra quitter la maternité avec sa mère.
Combien de poids prend un bébé par jour ?
Durant les premiers jours de vie, les parents doivent trouver le bon rythme pour nourrir leur bébé, que cela soit au sein ou au biberon. Pour un bébé nourri au biberon, la pédiatre conseille de tester la satiété de l’enfant en voyant s’il laisse du lait. En moyenne, on estime qu’un bébé va prendre une trentaine de grammes par jour. Pour arriver à doubler son poids de naissance autour de l’âge de cinq mois, avant de le tripler à un an. Le poids est donc un élément clé pour estimer la bonne santé d’un bébé.
Dans sa première année de vie, un bébé prend du poids chaque mois. « Cela peut être 100, 200 grammes, voire 500 grammes », explique le Dr Bloch. L’important est que le bébé prenne du poids, il n’y a pas de mesure fixe. En moyenne, à l’âge d’un an, un bébé pèsera 10 kg. Mais cela peut être un peu plus ou un peu moins sans que le bébé ne soit malade pour autant.
Par ailleurs, la motricité de l’enfant entre en compte dans son poids. Pour estimer ce poids moyen de l’enfant selon son âge, les professionnels de santé se fient aux courbes de croissance présentes dans le carnet de santé. Elles estiment une fourchette de poids et de taille en fonction de l’âge du bébé ou de l’enfant. C’est ce que l’on appelle les percentiles.
Tableau indicatif du poids moyen des enfants selon l'OMS (jusqu'à 5 ans)
| Âge | Poids moyen (filles) | Poids moyen (garçons) |
|---|---|---|
| Naissance | 2.8 - 4 kg | 2.8 - 4 kg |
| 1 an | Environ 10 kg | Environ 10 kg |
| 5 ans | Variable, se référer aux courbes de croissance | Variable, se référer aux courbes de croissance |
L'IMC chez l'enfant et l'adolescent
L’IMC est un outil qui divise le poids par la taille (en mètre) au carré et qui tient compte du sexe et de l’âge de l’enfant. Ils peuvent aider les médecins à estimer un futur risque d’obésité chez l’enfant, notamment à partir de l’âge de 6 ans, moment où l’enfant peut connaître un rebond d’adiposité, avec une prise de poids après des premières années de vie plutôt stables.
Selon l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), « après 1 an, l’indice de masse corporelle doit diminuer au moins jusqu’à 5 ans, puis augmenter progressivement ». L’Inpes estime aussi que l’IMC doit être calculé au moins une fois par an chez les enfants à partir de deux ans.
Avant la puberté, la croissance des garçons et des filles est similaire. C’est à la puberté que les choses changent, en raison de l’imprégnation hormonale et de la prise de muscles, qui diffèrent chez le garçon et la fille.
Il n’existe pas de poids idéal en fonction de l’âge ou de la taille. Certaines personnes ont quelques rondeurs qui leur vont très bien, et d’autres sont plus minces et cela leur convient aussi. Pour la professionnelle, « on doit s’inquiéter lorsque le poids dépasse de 10 à 15 kg cette estimation, c’est là que l’adolescent commence à basculer dans le surpoids. »
L'importance des comportements alimentaires familiaux
L’important pour le médecin réside dans les comportements alimentaires, au sein de la famille. « Les parents qui se nourrissent de manière équilibrée le refléteront sur leur enfant, ils donneront des goûters plus sains, mangeront plus de légumes… », expose encore la spécialiste. L’éducation nutritionnelle est très importante, elle se passe la plupart du temps dans la transmission informelle des habitudes alimentaires. De même, il est important de faire du repas un moment de plaisir et d’échange au sein de la famille. On ne mange pas devant un écran, ni dans le stress ou les disputes !