Pourquoi les enfants mordent : Causes et solutions
Vous avez peut-être remarqué que votre enfant mâchouille des jouets, ou vous avez été informé qu'il mord d'autres enfants. Il est naturel de se demander pourquoi ce comportement se produit et comment y remédier efficacement. Avant l'âge de 3 ans, il arrive que les enfants mordent leurs camarades ou leurs parents. C’est généralement autour de 8 à 9 mois que ce comportement apparaît. Si pour nous, ce geste n’est pas anodin, pour eux il n’en est rien.
Comprendre les raisons des morsures
Les causes des morsures chez les jeunes enfants sont multiples. La morsure est un acte impulsif dont la signification varie en fonction de l’âge de l’enfant. Un nourrisson ne mord jamais dans l’intention de faire mal, son cerveau n’étant pas encore suffisamment développé pour comprendre les conséquences de ses gestes. Sa bouche représente son moyen d’explorer. En effet, c’est par ce biais qu’il découvre, goûte, se nourrit, machouille. Cependant, en grandissant, l’enfant peut continuer à mordre, et ce pour plusieurs raisons.
Les causes possibles des morsures
- Stade de développement : La morsure peut survenir chez les jeunes enfants dans le cadre normal de leur développement.
- Exploration : Ça ne vous aura pas échappé : quand un bébé commence à attraper ses jouets, il les porte systématiquement à la bouche. C’est un réflexe instinctif, comme une façon pour lui d’explorer son environnement. On parle de phase orale. Dans ce contexte, une morsure peut simplement relever de l’exploration un peu extrême et maladroite.
- Poussées dentaires : Bébé peut aussi subir une poussée dentaire. Pour éviter qu’il ne soulage sa gencive sur la joue de son copain de crèche, donnez-lui un anneau de dentition. Si, entre 3 et 12 mois, votre bébé à tendance à mordre, il y a de fortes chances qu’il fasse une poussée dentaire. Le fait de mordre ou d’exercer de la pression sur ses gencives peut soulager l'inconfort qu’il ressent. Afin d’apaiser la douleur liée aux dents qui percent, vous pouvez lui donner un anneau de dentition qu’il pourra mordiller pour se soulager.
- Communication : Les morsures peuvent être un moyen pour les enfants d’essayer de communiquer. A 2 ou 3 ans, les petits manquent de vocabulaire pour exprimer leurs émotions. Mordre leur permet d’extérioriser une angoisse ou de se faire comprendre.
- Autorégulation : En continuant à mordre en tant que phase de développement, la morsure peut aider votre enfant à faire face aux stimuli. Si vous avez l’impression que votre enfant mord dans les moments de plus grande tension et que c’est un moyen de traiter les stimuli de la vie quotidienne, alors la morsure a pour fonction d’aider votre enfant à se calmer (tout comme une tétine ou un pouce).
- Demander de l’attention : Certains enfants mordent pour attirer l’attention.
- Imitation : Les enfants apprennent souvent en imitant le comportement des autres. L’enfant imite parfois aussi nos propres comportements d’adultes. jamais entendu dire « je t’aime à te croquer » ou « Je vais te manger » ? Privilégiez les mains, les bras ou les petits pieds de bébé pour que votre enfant n’est pas la sensation de bisous « dévoreurs ».
- Expression émotionnelle : Un enfant n’est capable d’exprimer ses émotions que s’il en a conscience, et ce ne sera réellement le cas qu’à partir de 10 ans. Les spécialistes de l’intelligence émotionnelle chez les enfants expliquent qu’ils sont néanmoins capables d’apprendre et de différencier les émotions dès l’âge de 3 ans. Un enfant en bas-âge peut, par manque de vocabulaire, avoir du mal à exprimer ses émotions, engendrant ainsi de la frustration. Il peut donc mordre parce qu’il ressent :
- de la colère ;
- de la fatigue ;
- du stress (changement de routine, rentrée à la crèche ou à l’école, déménagement, naissance d’un petit frère ou d’une petite soeur…) ;
- de l’excitation ;
- de la détresse psychologique (victime de gestes agressifs, témoin de situations violentes…) ;
- une immaturité émotionnelle, motrice et cognitive ;
- une surstimulation sensorielle (bruit, lumière, mouvement, activité…)
- Affirmation de soi : A partir de 18 mois, les enfants commencent par ailleurs à s’affirmer. Ils multiplient les interactions avec les autres et doivent apprendre à vivre avec eux. En grandissant, l’enfant commence à affirmer sa personnalité. Il apprend à connaître ses qualités, ses défauts et teste son entourage et ses limites. Il peut donc mordre pour :
- Exprimer un besoin d’expérimentation des relations cause/conséquence ;
- Exprimer un besoin de pouvoir (lors de jeux notamment) ;
- Comprendre ses limites physiques personnelles ;
- Attirer l’attention des adultes ;
- Obtenir ce qu’il veut ;
- Exprimer un besoin d’espace ;
- Exprimer une sensation de mal-être face à une situation.
Comment accompagner un enfant qui mord avec bienveillance
De manière générale, comprendre les raisons sous-jacentes aux comportements des enfants permet d’y réagir avec bienveillance. Comme tous les comportements, la morsure est un moyen de communication pour faire face à un défi ou répondre à un besoin. Pour faire face aux morsures de votre enfant, il est bien sûr important de mieux comprendre les situations dans lesquelles la morsure se produit.
Stratégies et solutions
- Enseigner des alternatives : Dans la première situation, il est important d’enseigner à votre enfant des moyens acceptables de gérer ses émotions au moyen de l’exemple. Il peut s’agir d’encourager la communication verbale, d’accorder une attention positive aux bons comportements et de proposer des alternatives à la morsure pour exprimer sa frustration. Développer les compétences orales des enfants réduit la tentation de mordre pour s’exprimer.
- Anticiper : Certains signes annonciateurs peuvent permettre d’anticiper les situations à risque. Essayez de savoir dans quel contexte votre enfant a mordu. Essayez de savoir dans quel contexte votre enfant a mordu :
- Quel est le niveau de langage de l’enfant ?
- Dans quel état l’enfant mordeur se trouvait-il (avait-il faim ?)
- À quel moment de la journée la morsure a-t-elle eu lieu (en fin de journée -> fatigue/ stress ? juste avant midi ou le goûter -> faim ?)
- Qui a été mordu ? Est-ce toujours/ souvent le même enfant mordu ?
- Où l’enfant à l’origine de la morsure se trouvait-il ?
- Qui s’occupait de cet enfant ?
- Réagir rapidement : Réagissez rapidement dès que votre enfant mord quelqu’un. Mettez un stop et opposez-lui un « non » ferme, afin de lui faire comprendre sans équivoque que ce mode de communication est inacceptable. Ce n’est pas la peine de lui demander les raisons qui l’ont poussé à mordre car il ne le sait pas lui-même. En premier lieu, il ne faut pas laisser passer un tel acte, même si l’enfant ne se rend pas compte de sa force. "Reprenez-le en lui disant qu’il n’a pas fait exprès de faire mal mais qu’il a fait mal, qu’il ne faut pas mordre" conseille le psychologue. Si on a grondé plusieurs fois son enfant et qu’il recommence, on peut le punir, par exemple en le mettant un peu dans sa chambre.
- Nommer les émotions : mettre en mots les émotions et pensées qu’on suppose chez l’enfant : “Tu voudrais faire un tour avec le camion ? donner le nom des émotions que l’enfant traverse ainsi que leur intensité : “J’ai l’impression que tu es en colère. Ça a l’air d’être une sacrée grosse colère, je dirais une colère de tigre ! reconnaître les tentatives de l’enfant quand il adopte un comportement approprié : “Je t’ai vu avec ton petit frère, tu étais très délicat avec lui. Livres, jeux…, proposez-lui de nommer et d’extérioriser ce qu’il ressent.
Que faire immédiatement après une morsure ?
- Rester calme : Quand un jeune enfant mord, nous pouvons surréagir parce que nous sommes inquiets, frustrés ou encore embarrassés. Ces émotions sont OK car elles racontent ce qui est important pour nous, à savoir le respect de l’intégrité physique des uns et des autres et la non violence. En fonction de l’âge de votre enfant, son cerveau n’est pas toujours en capacité de tirer des conclusions de ses actes. Mieux vaut donc lui expliquer calmement et simplement (sans vous lancer dans une longue explication) qu’il faut éviter de mordre et montrez-lui les conséquences de son geste. Vous pouvez par exemple lui dire qu’une morsure reçue peut être douloureuse, que cela peut engendrer des pleurs.
- Être clair et concis : Moins nous parlons, plus nous sommes efficaces. “Stop. Mordre, ça fait mal. “On ne frappe pas et on ne mord pas. Attirer l’attention de l’enfant mordeur sur les conséquences de son acte permet de rappeler à l’enfant mordeur pourquoi cette règle existe : “M. pleure parce qu’il a mal.
- S'occuper de la victime : Quand l’adulte s’occupe de l’enfant qui a été mordu, il envoie le signal à l’enfant mordeur que l’acte de mordre ne sera pas “récompensé” par de l’attention, même négative. Consolez l’enfant mordu. Prodiguez les soins habituels à l’enfant qui a été mordu, frappé ou griffé tout mettant des mots sur ses émotions : « Tu pleures car tu as sans doute mal et peut-être même as-tu été surpris(e). C’est normal, tout est arrivé si vite. Je vais maintenant m’occuper de la petite marque sur ton bras ».
- Encourager l'empathie : Faire preuve d’empathie, c’est reconnaître les motivations “positives” de l’enfant mordeur. Refléter ces motivations avec nos mots à travers l’écoute active permet aux enfants mordeurs de se sentir rejoints et compris. Exemple : “Tu voulais vraiment ce jouet. “Si T. te prend un jouet des mains, tu pourrais lui dire : “T., c’est le mien. “Si R. pleure parce que tu l’as mordu, tu peux le consoler et lui dire que tu es désolé.
- Réparer le geste : Dès l’instant où votre enfant comprend que mordre peut blesser l’autre, encouragez-le à réparer son geste. Accompagnez-le dans cette démarche en lui donnant les clés pour qu’il puisse s’excuser auprès de l’enfant ou l’adulte mordu. Vous pouvez l’aider à formuler ses regrets verbalement ou par des gestes (proposer un doudou ou un jouet à un enfant par exemple, faire un câlin ou une petite caresse sur la blessure…).
Ce qu'il ne faut pas faire
- Punir ou humilier : Punir, humilier l’enfant, le critiquer, ou encore isoler l’enfant de force n’agit pas sur les raisons qui poussent l’enfant à mordre. En revanche, l’enfant puni subit du stress et ce stress peut être à l’origine de comportements agressifs (y compris les morsures, enclenchant un cercle vicieux).
- Mordre en retour : Mordre l’enfant en retour est non seulement inefficace et nocif. Certaines personnes de votre entourage n’hésiteront pas à vous conseiller comme moyen efficace de mordre votre enfant en retour pour lui faire prendre conscience de la douleur qu’il occasionne chez l’autre. Cette méthode est à bannir car l’enfant mordeur ne comprendrait pas le fait que vous pratiquiez vous-même un geste que vous lui interdisez. Par ailleurs, en le mordant, vous vous placez au même niveau que lui, ce qui induit une perte d’autorité et insécurise l’enfant. Enfin, répondre à un comportement agressif par un autre est bien le contraire de l’exemple positif que l’on devrait donner à son enfant.
- Étiqueter l'enfant : Les étiquettes ont un pouvoir anticipatoire : c’est le principe des prophéties autoréalisatrices. Qualifier un enfant de “mordeur” sert d’explication magique, du moins pratique, pour éviter de chercher à comprendre les motivations de ce comportement inapproprié.
Quand s'inquiéter et consulter ?
Le fait de mordre est un des comportements que l’enfant expérimentera sans doute à un moment et qu’il doit apprendre à contrôler. Ce comportement est habituellement passager , il n’est donc pas nécessaire dans la majorité des cas de consulter. Montrez-vous ferme et patient pour l’accompagner au mieux durant cette phase. Cependant, si ce comportement dure ou qu’il s’accompagne d’autres agissements agressifs voire dangereux pour l’enfant ou les autres, n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé.
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