À Quel Âge Peut-on Donner du Saucisson à un Enfant ?
Les recommandations sanitaires n’ont pas toujours le dessus sur les habitudes gastronomiques locales. Souvent présente lors d’une raclette ou d’un apéro, la charcuterie peut être fumée (jambon fumé, saucisse fumée…), cuite (jambon cuit, pâté, rillettes…) ou séchée (saucisson sec, jambon cru…). Il est important de s'interroger sur l'âge idéal pour introduire la charcuterie dans l'alimentation d'un enfant, compte tenu des risques potentiels pour sa santé.
Les Risques Associés à la Charcuterie pour les Enfants
Chez l’adulte comme chez l’enfant, il est plus que conseillé de limiter la consommation de charcuterie au quotidien. En cause ? L’importante teneur en sel de ces préparations. Pour un adulte, les apports quotidiens en sel doivent s’élever à cinq grammes par jour tout confondu, c’est-à-dire celui qu’on ajoute à nos plats et celui déjà présent dans les aliments, selon les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces apports doivent alors être moindres pour un bébé ou un enfant.
Autre problématique de la charcuterie : la présence d’additifs alimentaires. Le saucisson, la rosette ou le jambon renferment des nitrates et des nitrites, qui peuvent entraîner des problèmes majeurs de santé chez les jeunes populations. « La barrière intestinale n’est pas mature avant les deux ans d’un enfant, ce qui ne le protège pas contre les effets indésirables des additifs alimentaires. Dans le détail, les nitrites peuvent réagir avec les acides aminés, et entraîner la formation de nitrosamines, des composés cancérogènes. Au même titre que la femme enceinte, les aliments crus sont à éviter chez les jeunes enfants. En effet, la cuisson permet d’éliminer la bactérie Listeria et le parasite Toxoplasma gondii, les agents pathogènes responsables de la listériose et de la toxoplasmose. Dans ce contexte, mieux vaut proscrire les charcuteries séchées et fumées, et privilégier les charcuteries cuites, comme le jambon blanc.
En raison des risques de contamination liés à des parasites et à micro-organismes pathogènes alimentaires, les fromages non pasteurisés, les poissons et viandes crus, comme les sushis, les tartares ou le saumon fumé, sont déconseillés chez les enfants de moins de cinq ans, voire parfois même de moins de dix ans.
Le Syndrome Hémolytique et Urémique (SHU)
« Le risque, c’est d’avoir une infection digestive avec un germe qui fabrique une toxine, et que celle-ci entraîne au niveau du système rénal et hématologique ce qu’on appelle le SHU (syndrome hémolytique et urémique), explique-t-elle. Il y a alors une destruction des globules rouges et une altération de la fonction rénale. » Chaque année, environ 160 enfants sont atteints par le SHU en France. « C’est très rare, de la même façon que la méningite à méningocoques, mais la casse est très importante, alerte la pédiatre.
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Recommandations Officielles et Conseils
Concernant l’enfant, le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) préconise « d’éviter toutes les charcuteries, sauf le jambon blanc, jusqu’à l’âge de trois ans ». De son côté, le Programme national nutrition santé (Pnns) n’est pas très explicite concernant l’âge auquel un enfant peut manger de la charcuterie, mais il recommande d’en restreindre la consommation entre trois et dix-huit ans. « Il faut donc limiter la charcuterie chez les enfants. On peut, par exemple, donner une fois par semaine du jambon blanc, mais pas plus », conseille Isabelle Proudy.
Les recommandations conseillent donc d’introduire ce groupe d’aliments avec prudence, en attendant le plus tard possible, au moins après 12 mois. Pour toutes ces raisons, le HCSP (Haut Conseil de Santé Publique) conseille d’éviter toutes les charcuteries, sauf le jambon blanc, jusqu’à l’âge de 3 ans.
Selon les recommandations de l'ANSES et du HCSP, il est conseillé d'attendre l'âge de 10 ans pour proposer à un enfant de la viande crue ou peu cuite. Avant cet âge, elle doit être cuite à cœur. C'est-à-dire qu'elle ne doit plus être saignante.
Que Faire Avant l'Âge Recommandé ?
Comme le recommande le site manger-bouger.fr, vous pouvez commencer à proposer du jambon blanc (sans nitrites de sodium) à Bébé, de temps en temps, dès le début de la diversification alimentaire, c'est à dire entre 4 et 6 mois (avec l'avis d'un pédiatre), dans le cadre d'une alimentation équilibrée et variée. A partir de 4 à 6 mois, proposez lui du jambon blanc mixé très lisse et pas plus d'une cuillère à café. Pour faire découvrir les différentes sortes de charcuterie tel que le saucisson, le jambon cru etc... mieux vaut attendre.
Le jambon blanc est un bon choix, d’autant que c’est un peu une exception aux charcuteries. Il peut être introduit dès 6-7 mois, en même temps que les viandes. Il peut éventuellement remplacer la portion de viande de bébé. Attention aux quantités de viande : 10g/j pour un bébé de 6-12 mois, 20g/j pour un bébé de 1 à 2 ans, et 30g/j pour un bébé de 2 à 3 ans. Préférez un jambon blanc découenné, sans nitrite de sodium, avec le moins de sel possible (consultez l’étiquette).
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Alternatives et Précautions
Toutes les charcuteries n’ont pas la même teneur en mauvaises graisses (acides gras saturés). Privilégiez les charcuteries avec moins de 10% de MG : le jambon blanc, la viande de grison, le bacon, le pastrami etc. Il est tout à fait possible de faire varier les plaisirs de manière occasionnelle ..! A la place de la charcuterie, vous pouvez aussi proposer des tranches de dinde ou des fines tranches de viande cuite froide (boeuf rôti, porc rôti…), ou encore des oeufs durs.
Il est tout à fait possible de préparer de la charcuterie pour bébé à la maison. Vous pouvez trouver de nombreuses recettes de charcuteries adaptées aux bébés : des terrines de viande, des saucisses maison, qui ne contiennent aucun additifs nocifs. Ce qui est extra avec ces préparations de charcuterie pour bébé, c’est qu’elles peuvent être personnalisées en fonction des préférences de votre bébé !
La Charcuterie à la Cantine : Une Question d'Information
« On peut légitimement se poser la question (sur la présence de charcuterie crue au menu des cantines) », convient l’adjointe Sylvie Schmitt, qui souligne que des échantillons d’aliments sont prélevés à chaque repas, conformément à la réglementation. Mais ils ne sont analysés en laboratoire (pour une recherche de salmonelle, listeria…) qu’en cas de symptômes chez les enfants. Il est donc important de surveiller les menus et de s'assurer que les collectivités appliquent le principe de précaution, en informant les familles et en proposant des alternatives plus sûres.
« Je pense que les textes réglementaires pour les collectivités ne sont pas correctement mis à jour et d’après ce que j’ai pu consulter en ligne, certains sont antérieurs au PNNS (programme national nutrition santé) en date de 2021 », réagit le docteur Sandra Brancato. C’est pourtant dans l’intérêt de ces collectivités d’appliquer ce principe de précaution, qu’elle porte auprès de ses patients, qui se montrent plus ou moins réceptifs selon leurs habitudes culturelles.
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