Que Diable Allait-Il Faire Dans Cette Galère ? : Un Roman à Découvrir

Cette célèbre réplique, extraite desFourberies de Scapin de Molière (1671), exprime l'étonnement face à une situation absurde․ Elle est devenue proverbiale, illustrant l'incompréhension devant un choix insensé․ L'analyse de cette phrase, répétée inlassablement par Géronte, révèle la comédie humaine et l'humour mordant de Molière․ Son usage persiste, témoignant de sa pertinence intemporelle․

Contexte historique et littéraire

LesFourberies de Scapin, comédie-ballet en cinq actes écrite par Molière en 1671, s'inscrit dans le contexte du théâtre comique français du XVIIe siècle․ Molière, déjà célèbre pour ses comédies satiriques, explore ici les thèmes de la ruse, de l'argent et des relations père-fils․ La pièce, représentée pour la première fois au Palais-Royal, connaît un immense succès populaire grâce à son humour vif et ses personnages hauts en couleur․ Géronte, avare et borné, et Scapin, valet rusé et manipulateur, incarnent des archétypes comiques․ L'époque est marquée par une société hiérarchisée où l'argent et le statut social jouent un rôle prépondérant, thèmes habilement exploités par Molière pour créer un divertissement satirique pertinent․ Le contexte littéraire est celui d'une effervescence théâtrale, avec des auteurs comme Corneille et Racine qui dominent la scène tragique, tandis que Molière excelle dans la comédie․ La langue employée est celle du classicisme français, précise et élégante, contribuant à la finesse de l'humour et à la construction dramatique․

La pièce "Les Fourberies de Scapin" de Molière

Dans cette comédie, Molière met en scène l'opposition entre deux générations ⁚ les pères, représentés par Géronte et Argante, et leurs fils, Léandre et Octave․ L'intrigue repose sur les stratagèmes de Scapin, valet fourbe et astucieux, qui manipule ses maîtres pour parvenir à ses fins․ Pour résoudre les problèmes amoureux de Léandre et Octave, Scapin invente des situations rocambolesques et des mensonges extravagants, mettant en lumière l'avarice et la crédulité de Géronte․ La pièce est rythmée par des quiproquos, des scènes comiques et des dialogues percutants․ L'expression "Que diable allait-il faire dans cette galère ?" est lancée par Géronte, répétée à plusieurs reprises, exprimant son incompréhension face à la situation créée par Scapin et son désarroi face à la demande de rançon pour la libération supposée de son fils․ Le ressort comique repose sur la répétition de cette phrase, illustrant l'obstination et l'aveuglement de Géronte․ L'action se déroule rapidement, maintenant une tension constante entre la ruse de Scapin et la naïveté de Géronte․ Le dénouement, qui voit le triomphe de l'amour et la résolution des conflits, ne minimise en rien la satire sociale et l'ironie de la situation․

L'Expression "Que Diable Allait-Il Faire Dans Cette Galère ?"

Devenue proverbiale, cette exclamation moliéresque traduit l'incompréhension face à une situation incongrue ou à un choix déroutant․ Elle souligne l'absurdité d'une mésaventure et le sentiment d'impuissance face à l'inattendu․ Son usage courant témoigne de sa force expressive et de sa persistance dans la langue française․

Signification et usage courant

Aujourd'hui, l'expression "Que diable allait-il faire dans cette galère ?" transcende son contexte initial pour signifier l'étonnement, voire l'incrédulité, face à une situation imprévue et désagréable․ Elle est employée lorsqu'une personne se trouve impliquée dans une affaire louche, une mauvaise passe, ou un événement fâcheux qui semble lui être totalement étranger․ On l'utilise souvent avec une pointe d'ironie ou d'humour, pour souligner l'absurdité de la situation․ L'expression met en lumière l'incompréhension face à un choix apparemment stupide ou maladroit․ Elle peut aussi suggérer une certaine résignation face à une situation inextricable․ La "galère", initialement un navire de guerre, évoque ici une situation difficile et pénible, une sorte de bourbier dont on peine à se sortir․ L'emploi de "diable" renforce l'aspect mystérieux et inattendu de la situation, suggérant une intervention malveillante ou une force du destin․ Son usage est courant dans les conversations informelles, les écrits humoristiques, et même parfois dans les contextes plus formels pour souligner l'aspect insolite d'une situation․ Elle conserve sa force expressive grâce à sa concision et à son caractère imagé․

Fonction comique et répétitive dans la pièce

DansLes Fourberies de Scapin, la répétition de la phrase "Que diable allait-il faire dans cette galère ?" par Géronte est un ressort comique essentiel․ Elle souligne non seulement son incompréhension face aux événements orchestrés par Scapin, mais aussi son avarice et son entêtement․ La répétition, devenant un leitmotiv, accentue l'aspect burlesque de la situation․ Chaque fois que Géronte prononce cette phrase, le public rit de son incapacité à comprendre la complexité de la situation et de son obstination à se focaliser sur l'aspect financier du problème, négligeant l'aspect émotionnel et familial․ La répétition est aussi une manière pour Molière de souligner l'absurdité de la situation et d'amplifier le comique de répétition․ L'effet comique est renforcé par le contraste entre la gravité apparente de la situation (la capture de Léandre par les Turcs) et la réaction répétitive et simpliste de Géronte․ La phrase, initialement une exclamation d'étonnement, se transforme en une sorte de tic verbal, révélant la limite intellectuelle et la rigidité de Géronte․ Ce procédé comique met en évidence l'ironie de la situation, l'aveuglement du père face à la manipulation de Scapin et la nature même de la comédie, qui repose sur des situations improbables et des personnages stéréotypés․

Analyse du Personnage de Géronte

Géronte incarne l'avarice et la bêtise․ Aveuglé par son obsession pour l'argent, il répète inlassablement sa phrase emblématique, révélant son incapacité à comprendre la situation et sa priorité financière démesurée, même face à la détresse de son fils․ Son entêtement le rend comique et pathétique․

Son avarice et son aveuglement

Géronte est avant tout défini par son avarice excessive, une obsession qui le rend aveugle à toute autre considération․ Son amour pour son fils Léandre est constamment subordonné à sa peur de dépenser de l'argent․ Cette avarice est la source principale du comique de la pièce, car elle rend Géronte crédule et manipulable․ Scapin exploite parfaitement cette faiblesse pour le pousser à débourser des sommes importantes sous de faux prétextes․ L'aveuglement de Géronte ne se limite pas à l'aspect financier; il est également intellectuel․ Il est incapable de voir au-delà de ses préoccupations matérielles et ne comprend pas les motivations de Scapin, ni la véritable nature des problèmes auxquels son fils est confronté․ Son entêtement à répéter "Que diable allait-il faire dans cette galère ?" illustre son incapacité à envisager d'autres solutions que celles dictées par son avarice․ Il refuse de croire aux explications de Scapin, même lorsqu'elles deviennent de plus en plus extravagantes․ Cet aveuglement est un trait de caractère essentiel qui contribue à la construction du personnage comique et à la progression de l'intrigue․ Il est la cible principale de la satire de Molière, représentant les limites de l'avidité et l'incapacité à voir au-delà de ses propres intérêts․

Sa réaction face à la situation

La réaction de Géronte face à la nouvelle de la capture de son fils est marquée par une profonde inquiétude, mais surtout par une préoccupation financière immédiate․ Son avarice prend le pas sur ses sentiments paternels․ Au lieu de s'inquiéter directement du sort de Léandre, sa première réaction est de se demander combien coûtera sa libération․ Cette focalisation sur l'aspect financier est la source principale de l'humour de la pièce․ Sa répétition obsessionnelle de "Que diable allait-il faire dans cette galère ?" montre son incapacité à faire face à la situation de manière rationnelle․ Il est constamment en proie au doute, oscillant entre la peur de perdre son fils et la crainte de dépenser son argent․ Il se laisse facilement manipuler par Scapin, qui exploite sa faiblesse pour obtenir de lui des sommes toujours plus importantes․ Sa réaction est un mélange de panique, d'incrédulité, et de rage contenue․ Il est incapable de prendre des décisions fermes et se laisse guider par les mensonges et les manipulations de son valet․ Cette réaction, aussi contradictoire que comique, met en lumière l'absurdité de son personnage et les limites de son jugement, faisant de lui un personnage attachant malgré ses défauts․ Son avarice et son aveuglement le rendent victime de sa propre nature, participant grandement à l'humour de la pièce․

Le Rôle de Scapin

Scapin, valet rusé et manipulateur, est le moteur de l'intrigue․ Ses supercheries, motivées par l'amour et la volonté d'aider les jeunes amants, mettent en lumière l'avarice de Géronte․ Ses mensonges, bien que cruels, permettent de résoudre les conflits․

La supercherie et ses motivations

Scapin est le personnage central desFourberies, orchestrant une supercherie complexe pour aider Léandre et Octave à épouser leurs bien-aimées․ Sa motivation principale est de résoudre les conflits amoureux qui opposent les jeunes amants à leurs pères avides․ Il utilise son intelligence et son talent de manipulation pour contourner les obstacles financiers et sociaux․ La supercherie de Scapin est élaborée et met en scène une série de mensonges qui visent à extorquer de l'argent à Géronte et Argante․ Il feint la capture de Léandre par des Turcs, inventant des détails précis et convaincants pour maintenir la crédulité de Géronte․ Ses motivations ne sont pas uniquement altruistes, il y a aussi une part de vengeance et de satisfaction personnelle dans son jeu․ Il prend plaisir à manipuler ses maîtres et à les mettre dans des situations embarrassantes․ Cependant, l'habileté de Scapin va au-delà de la simple tromperie; il est capable d'anticiper les réactions de ses victimes et d'adapter sa stratégie en conséquence․ Sa supercherie est un véritable chef-d'œuvre de manipulation qui repose sur la connaissance profonde des caractères de ses maîtres, en particulier sur l'avarice de Géronte․ Il joue sur leurs peurs et leurs désirs pour les amener à agir selon ses plans․ En fin de compte, la supercherie de Scapin contribue à la résolution des conflits et à un dénouement heureux, même si les méthodes employées sont discutables․

L'impact de ses mensonges sur Géronte

Les mensonges de Scapin ont un impact considérable sur Géronte, le mettant dans un état de stress et de confusion constants․ L'annonce de la capture de Léandre provoque chez Géronte une réaction immédiate, dominée par son avarice et son inquiétude financière․ Scapin exploite habilement cette faiblesse en exigeant des sommes d'argent toujours plus importantes pour la libération supposée de Léandre․ Chaque nouvelle exigence financière de Scapin accentue le désarroi et le désespoir de Géronte, le poussant à des réactions comiques et parfois pathétiques․ L'impact des mensonges de Scapin se manifeste également à travers la répétition obsessionnelle de la phrase "Que diable allait-il faire dans cette galère ?", qui révèle l'incompréhension et le désespoir de Géronte face à la situation․ Les mensonges de Scapin ne le laissent pas indifférent ; ils provoquent en lui une crise existentielle, une remise en question de ses valeurs, même si cette remise en question reste superficielle et ne modifie pas fondamentalement son avarice․ L'impact est aussi psychologique, le mettant dans une situation d'incertitude et de dépendance vis-à-vis de Scapin․ Malgré sa colère et son irritation, Géronte est contraint de se plier aux exigences de Scapin, mettant en lumière sa faiblesse et son impuissance face à la manipulation de son valet․ Finalement, même si le dénouement est heureux, l'impact des mensonges de Scapin laisse une trace indélébile chez Géronte, révélant la fragilité de son personnage et ses contradictions․

L'Humour dans la Pièce

L'humour desFourberies de Scapin repose sur plusieurs éléments ⁚ le comique de répétition (la fameuse phrase), le comique de situation (les quiproquos), et l'ironie․ L'avarice de Géronte et la ruse de Scapin créent un humour satirique et irrésistible․

La répétition de la phrase clé

La répétition de la phrase "Que diable allait-il faire dans cette galère ?" est un élément comique majeur desFourberies de Scapin․ Cette répétition, inhérente au personnage de Géronte, met en lumière son incapacité à comprendre la situation et son obsession pour l'aspect financier du problème․ Chaque répétition de la phrase souligne l'absurdité de la situation et l'aveuglement de Géronte face aux manipulations de Scapin․ L'effet comique est amplifié par le contraste entre la gravité apparente de la situation – la capture supposée de Léandre – et la réaction simpliste et répétitive de Géronte․ La phrase, initialement une exclamation d'étonnement, devient un tic verbal, un réflexe conditionné par l'avarice et la peur de dépenser․ Cette répétition n'est pas seulement un ressort comique ; elle sert aussi à caractériser Géronte, à révéler ses limites intellectuelles et sa rigidité․ Elle met en évidence son incapacité à penser de manière critique et à envisager d'autres solutions que celles dictées par son obsession pour l'argent․ La répétition, ainsi, contribue à créer un personnage comique et attachant, malgré ses défauts․ Elle est un élément essentiel de l'humour de Molière, exploitant le comique de répétition pour amplifier l'effet burlesque et l'ironie de la situation․ Le public rit de l'incapacité de Géronte à comprendre la situation, de son entêtement, et de la répétition même de cette phrase qui devient un symbole de son incapacité à faire face à la réalité․

L'ironie et le comique de situation

L'humour desFourberies de Scapin repose largement sur l'ironie et le comique de situation․ L'ironie se manifeste principalement dans le décalage entre les apparences et la réalité․ Scapin, par exemple, se présente comme un sauveur, alors qu'il est en réalité le principal instigateur des problèmes․ L'ironie réside aussi dans le fait que Géronte, soucieux de son argent, se retrouve finalement contraint de dépenser des sommes considérables pour un problème qu'il a lui-même contribué à créer par son avarice․ Le comique de situation est omniprésent, alimenté par les quiproquos, les mensonges, et les réactions imprévisibles des personnages․ La succession de situations rocambolesques, orchestrées par Scapin, provoque un effet comique constant․ Le public rit des maladresses de Géronte, de son incapacité à comprendre les machinations de Scapin, et des conséquences imprévues de ses actions․ L'ironie et le comique de situation sont intimement liés․ L'ironie souligne l'absurdité des situations, tandis que le comique de situation crée un effet burlesque et irrésistible․ Ce mélange d'ironie et de comique de situation est un élément clé de l'humour moliéresque, permettant à Molière de critiquer les travers de la société de son époque tout en divertissant le public․ La combinaison de ces deux éléments comiques rend la pièce à la fois drôle et pertinente, conservant ainsi son pouvoir comique malgré le passage du temps․

Héritage et Postérité de la Citation

L'expression "Que diable allait-il faire dans cette galère ?" survit à la pièce․ Devenue proverbiale, elle continue d'illustrer l'incompréhension face à une situation absurde ou à un choix regrettable, marquant l'héritage durable de Molière․

Usage moderne et interprétations

De nos jours, l'expression "Que diable allait-il faire dans cette galère ?" conserve toute sa pertinence et sa force expressive․ Elle est largement utilisée dans le langage courant, adaptée à des contextes variés pour exprimer l'étonnement, l'incrédulité, ou l'ironie face à une situation inattendue et souvent fâcheuse․ Son usage moderne témoigne de sa capacité à transcender son contexte initial et à s'adapter aux réalités contemporaines․ On peut l'entendre dans des conversations informelles, des articles de journaux, ou même des œuvres littéraires et cinématographiques․ Son interprétation varie selon le contexte, mais elle conserve toujours sa signification fondamentale ⁚ l'incompréhension face à un événement étrange ou regrettable․ L'expression peut être employée avec une pointe d'humour, soulignant l'absurdité de la situation, ou avec un sentiment de résignation face à une mésaventure inévitable․ Elle peut aussi servir à exprimer une critique implicite, mettant en lumière les erreurs de jugement ou les choix maladroits d'un individu․ La persistance de cette expression dans le langage courant témoigne de la qualité de l'œuvre de Molière et de la puissance expressive de cette phrase courte mais efficace․ Son utilisation moderne montre sa capacité à résonner avec les expériences contemporaines, conservant ainsi sa force symbolique et sa capacité à susciter l'humour et l'empathie․

Influence sur la culture populaire

L'expression "Que diable allait-il faire dans cette galère ?", grâce à sa force expressive et à sa connotation humoristique, a fortement influencé la culture populaire française․ Elle est reprise dans de nombreux contextes, devenant un élément familier du langage courant et une référence culturelle partagée․ On la retrouve dans les titres d'œuvres littéraires ou cinématographiques, dans les chansons, les dessins animés, et les publicités․ Son utilisation fréquente dans les médias témoigne de sa persistance et de son impact sur l'imaginaire collectif․ L'expression est souvent détournée ou adaptée pour créer des effets comiques ou ironiques, soulignant sa flexibilité et sa capacité à s'intégrer dans des contextes variés․ Sa présence dans la culture populaire dépasse le simple usage linguistique ; elle devient un symbole de l'absurdité, de l'incompréhension, et de l'ironie de la vie․ Cette appropriation de l'expression par la culture populaire souligne l'héritage durable de Molière et la puissance intemporelle de ses œuvres․ Elle a su traverser les siècles, s'adaptant aux évolutions du langage et des modes de communication, tout en conservant son essence humoristique et sa capacité à faire résonner le public avec une situation cocasse ou une maladresse humaine․ La phrase, initialement issue d'une pièce de théâtre classique, s'est ainsi intégrée pleinement dans le paysage culturel français, devenant une expression emblématique et intemporelle․