Donation aux enfants avant 70 ans : Conditions et avantages en France

La donation de son vivant, également appelée donation entre vifs, séduit de plus en plus de personnes souhaitant transmettre leur patrimoine à leurs proches. La donation représente un acte juridique par lequel le donateur transmet gratuitement la propriété d’un bien au donataire.

Donner de son vivant, c’est une façon concrète de soutenir ses proches à un moment où cela peut vraiment faire la différence. Financer les études de ses enfants, les aider à acheter un premier logement, les épauler dans la création d’un projet professionnel ou tout simplement leur offrir un coup de pouce pour démarrer dans la vie : voilà autant de bonnes raisons d’anticiper la transmission.

Voyons en détail les conditions et avantages de la donation aux enfants avant 70 ans en France.

Pourquoi faire une donation avant 70 ans ?

Il est tout à fait possible, et même fortement recommandé, de faire une donation à son enfant avant 70 ans. Attention toutefois, une donation peut être réalisée à tout âge, mais l’effectuer le plus tôt possible permet avant tout d’optimiser son impact fiscal. En commençant tôt, vous pouvez transmettre progressivement votre patrimoine à vos héritiers tout en bénéficiant pleinement de ces abattements.

Par ailleurs, la donation entre parents et enfants peut être réalisée à n’importe quel âge, hormis concernant la donation d’une somme d’argent, appelée don Sarkozy, qui permet de réaliser tous les 15 ans une donation de 31 865 € et qui doit être effectuée avant les 80 ans du donateur.

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Les 70 ans représentent un âge charnière dans la planification patrimoniale. En effet, l’abattement de 152 500 € par bénéficiaire n’est valable que si les sommes ont été versées avant 70 ans.

Les différents types de donations

Il existe plusieurs formes de donation, chacune ayant ses spécificités :

• Donation simple : Vous donnez un bien déterminé à une personne (souvent un enfant), sans condition particulière. C’est la forme la plus directe.
• Donation-partage : Vous répartissez une partie ou la totalité de vos biens entre plusieurs bénéficiaires, généralement vos enfants. Deux enfants ou plus ? Pour figer la valeur des biens donnés et que ces donations ne soient pas « rapportables » lors de la succession, optez pour une donation-partage.
• Donation avec réserve d’usufruit : Vous transmettez la nue-propriété du bien, tout en conservant l’usufruit. Vous pouvez ainsi continuer à occuper le logement ou en percevoir les loyers. Vous donnez la nue-propriété de votre maison à votre fille, mais continuez à y habiter.
• Donation en indivision : Le bien est donné à plusieurs personnes qui en deviennent copropriétaires.

Les abattements fiscaux applicables

La fiscalité des donations est particulièrement incitative. Chaque parent peut ainsi donner jusqu’à 100 000 € par enfant sans qu'il y ait de droits de donation à payer. Un couple peut donc transmettre à chacun de ses enfants 200 000 € en exonération de droits. Cet abattement de 100 000 € peut s’appliquer en une seule ou en plusieurs fois tous les 15 ans. Ainsi, si l'abattement n'a pas été utilisé en totalité lors d'une première donation, vous pouvez en utiliser le solde encore disponible pendant une période de 15 ans.

Une personne en situation de handicap bénéficie d’un abattement supplémentaire de 159 325 €, cumulable avec les autres avantages fiscaux.

Voici les principaux abattements applicables pour les donations :

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• Donation à un enfant : 100 000 €
• Donation d’une somme d’argent à un enfant (cumulable avec l’abattement de 100 000 €) : 31 865 €
• Donation entre époux ou partenaires de Pacs : 80 724 €
• Donation à un petit-enfant : 31 865 €
• Donation à un frère ou une sœur : 15 932 €
• Donation à un neveu ou une nièce : 7 967 €
• Donation à un arrière-petit-enfant : 5 310 €

Sous les mêmes conditions, les donations consenties aux petits-enfants bénéficient d’un abattement de 31 865 €, et celles consenties aux arrière-petits-enfants de 5 310 €. Ces dispositions sont applicables que le bénéficiaire soit majeur ou mineur.

Ces abattements peuvent se cumuler entre-eux. Par conséquent, un enfant peut recevoir 200 000 € (100 000 x 2) de ses parents et 127 460 € (31 865 x 4) de ses quatre grands-parents tous les 15 ans sans droit de donation à régler.

Ces abattements peuvent, le cas échéant, se cumuler avec :

• l'abattement spécifique aux personnes handicapées (159 325 €) ;
• l'exonération des dons familiaux de sommes d'argent (dans la limite de 31 865 € sous conditions restrictives) prévue à l’art. 790 G du Code Général des Impôts (CGI).

Par exemple : une petite fille majeure peut recevoir de son grand-père de moins de 80 ans une somme d'argent d'un montant de 63 730 € en exonération de droits :

• 31 865 € au titre de l'exonération des dons familiaux de somme d'argent et
• 31 865 € seuil au dessous duquel le don manuel n'est pas imposé.

Ces plafonds d’abattements, spécifiques aux liens familiaux, permettent d’optimiser les transmissions sur le plan fiscal. En adoptant une approche progressive, vous limitez la charge fiscale globale tout en assurant une meilleure répartition de votre patrimoine entre vos proches.

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Une fois l'abattement déduit de la valeur du bien donné, le montant restant est soumis à un barème progressif.

Le démembrement de propriété : une stratégie avantageuse

Effectuer une donation à vos enfants avant 70 ans est une stratégie puissante pour optimiser la transmission de votre patrimoine, notamment grâce au démembrement de propriété. Cette technique offre des avantages fiscaux significatifs tout en vous permettant de conserver l’usage ou les revenus d’un bien.

Le démembrement de propriété consiste à séparer deux éléments de la pleine propriété d’un bien :

• L’usufruit : Les parents conservent le droit d’utiliser le bien ou d’en percevoir les revenus, comme par exemple les loyers d’un bien immobilier.
• La nue-propriété : Transmise aux enfants, elle représente la propriété différée du bien, qui reviendra intégralement au nu-propriétaire lorsque l’usufruit s’éteindra (au décès de l’usufruitier s’il s’agit d’un usufruit viager ou à la fin d’un usufruit temporaire).

Cette approche permet de protéger les parents en leur laissant l’usage du bien tout en préparant la transmission à moindre coût.

Faire une donation à vos enfants avant 70 ans permet d’optimiser les coûts fiscaux associés à la transmission grâce à une valorisation réduite de la nue-propriété. En donnant la nue-propriété tôt, vous limitez l’assiette taxable des droits de donation, car ceux-ci ne sont calculés que sur la valeur de la nue-propriété, et non sur la valeur pleine du bien. Cela signifie une fiscalité allégée et une meilleure transmission pour vos enfants.

Plus l'âge du donateur avance, plus la valeur de la nue-propriété des actifs transmis diminue, entraînant ainsi une réduction des droits de donation à régler. Cette stratégie permet donc d’optimiser la transmission tout en respectant les règles fiscales.

À noter que les abattements sur les droits de donation, comme l’abattement de 100 000 € pour un enfant, s’appliquent également lors de la donation de la nue-propriété avec réserve d’usufruit. Ainsi, plus vous initiez cette démarche tôt, plus vite vous atteindrez le délai de 15 ans permettant de renouveler cet abattement.

Pour diminuer les droits à payer, vous pouvez opter pour une donation « démembrée ». Une technique qui s’applique généralement sur les biens immobiliers. La nue-propriété est cédée aux enfants, et vous conservez l’usufruit. Vous pourrez ainsi vivre dans le logement ou le mettre en location. Selon votre âge, on applique une décote sur la valeur vénale. Vous avez 65 ans. La valeur de l’usufruit est de 40 %, et celle de la nue-propriété de 60 %.

Voici pourquoi il est avantageux de réaliser cette donation de la nue-propriété avec réserve d’usufruit avant 70 ans :

• Avant 70 ans, la valeur de la nue-propriété est de 60 % de la valeur totale du bien.
• Après 70 ans, cette valeur augmente progressivement, rendant la donation plus coûteuse en termes de droits de donation.

Si vous souhaitez faire une donation à un enfant et que, pour cela, vous envisagez de céder des titres financiers qui ont pris de la valeur et sur lesquels vous avez dégagé une forte plus-value, donnez-lui les titres, à charge pour votre enfant de les céder et de récupérer l’argent. En effet, seules les plus-values réalisées lors d’une cession à titre onéreux sont soumises à l’impôt sur le revenu. Vous-même, qui cédez à titre gracieux, ne paierez aucun impôt sur la plus-value réalisée.

L’assurance-vie : un outil complémentaire pour la transmission

L’assurance-vie est un outil incontournable pour optimiser la transmission de votre patrimoine, en complément des donations à vos enfants avant 70 ans. Grâce à son statut spécifique d’enveloppe hors succession, elle permet de réduire les droits de succession tout en offrant une flexibilité unique.

L’assurance-vie offre un avantage fiscal majeur lorsqu’elle est utilisée pour transmettre une partie de votre patrimoine. En désignant vos enfants ou d’autres proches dans la clause bénéficiaire, vous leur permettez de recevoir des sommes d’argent avec une fiscalité allégée, voire nulle dans une certaine limite.

Selon l’article 990 I du Code Général des Impôts (CGI), avant 70 ans, les sommes transmises sont exonérées de droits de succession jusqu' à 152 500 € par bénéficiaire et supportent au-delà un taux forfaitaire de 20 % jusqu'à 700 000 € (soit 852 500 € transmis). Un prélèvement de 31,25 % s'exerce au-delà de ce montant.

Si vous effectuez des versements sur votre contrat d’assurance-vie après vos 70 ans, les avantages fiscaux sont considérablement réduits. L’article 757 B du CGI impose un abattement unique de 30 500 € pour l’ensemble des bénéficiaires.

Contrairement à une donation classique, l’assurance-vie vous permet de rester propriétaire des fonds jusqu’à votre décès. Vous pouvez ainsi continuer à utiliser cet argent pour financer vos projets, compléter vos revenus ou faire face à des imprévus.

Donation et succession après 70 et 80 ans

Il est tout à fait possible de faire une donation après 70 ou 80 ans, n’existant pas d’âge limite pour en réaliser. Les règles fiscales restent globalement identiques à celles en vigueur après 70 ans, notamment concernant le renouvellement des abattements tous les 15 ans. En revanche, passé 80 ans, il n’est plus possible de réaliser des dons exonérés de 31 865 euros à un enfant, petit-enfant ou arrière-petit-enfant majeur.

La succession après 70 et 80 ans peut être grandement optimisée avec la donation en nue-propriété. Cela consiste pour le donateur (celui qui donne) à transmettre un bien mobilier ou immobilier de son vivant. Au décès de l’usufruitier, le nu-propriétaire récupère l’usufruit sans avoir de droits supplémentaires à payer.

Dans un premier temps, lors de la donation en nue-propriété, les droits de donation sont uniquement calculés sur la valeur de la nue-propriété. Fiscalement, plus la donation en nue-propriété est réalisée tôt, plus l’assiette taxable est faible. Dans un second temps, lors de la succession, l’usufruit rejoindra automatiquement la nue-propriété en toute franchise de droits de succession.

Finalement, optimiser sa succession après 70 ans avec le mécanisme du démembrement permet toujours de limiter le montant des droits de succession.

Voici un exemple :

Vous êtes âgé de 72 ans, donc la valeur fiscale de la nue-propriété prise en compte pour le calcul des droits de donation est de 98 000 euros (70 % x 140 000 €). À votre décès, votre enfant récupérera la pleine propriété sans payer aucun droit de succession. Finalement, cela vous permet d’optimiser au mieux l’abattement de 100 000 €.

Les conditions à respecter pour une donation valide

Une donation met en relation deux acteurs essentiels : le donateur, qui transmet une partie de son patrimoine, et le donataire qui reçoit le bien. Les rôles de chacun sont régis par des obligations spécifiques.

En principe, non. En droit, on dit que « donner et retenir ne vaut ». C’est-à-dire qu’une fois le bien donné, vous ne pouvez pas le récupérer. Il existe toutefois des exceptions :

• Ingratitude : si le donataire nuit gravement au donateur (violence, injures, refus d’aide), la donation peut être annulée.
• Inexécution des charges : si la donation était soumise à des obligations précises (verser une rente, entretenir un bien…) et que le donataire ne les respecte pas.
• Survenance d’enfant : si le donateur n’avait pas d’enfant au moment de la donation, et qu’un enfant naît ou est adopté après, il est possible d’annuler la donation.

Le donateur doit être sain d’esprit et disposer de la capacité juridique de gérer ses biens. La rédaction d’un acte de donation nécessite l’intervention obligatoire d’un notaire, garant de sa validité juridique. Le notaire assure plusieurs missions essentielles : vérification de la capacité du donateur, respect des droits des héritiers réservataires, enregistrement de l’acte au service de publicité foncière.

Une fois l’acte signé, le notaire se charge des formalités administratives et fiscales, notamment la déclaration aux services des impôts. L’acte notarié apporte une preuve solide. Il protège contre les contestations futures, que ce soit de la part des héritiers ou des créanciers.

Tableau récapitulatif des abattements fiscaux

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