Décès de Claude Ruiz Picasso et l'Héritage Familial du Maître Espagnol
Le fils du maître espagnol Pablo Picasso, Claude Ruiz, est décédé à l’âge de 76 ans, a annoncé son avocat jeudi 24 août 2023. Claude Ruiz Picasso était administrateur de 1989 à 2023 de la succession Picasso, qui gère les droits liés à l’artiste et son œuvre. En juillet dernier, Claude Ruiz Picasso avait demandé à se retirer de l'organisation pour laisser sa place à sa soeur Paloma, laquelle avait été désignée administratrice de la plus importante succession artistique au monde.
La succession Picasso détient le monopole des droits d'auteur et de reproduction des œuvres de Picasso, ainsi que les droits de la personnalité, le droit moral et droits de la marque. Elle délivre également des certificats d’authentification et de lutte contre les faux, en intentant régulièrement des actions en justice.
L'Héritage Colossal de Pablo Picasso
Pablo Picasso, fondateur du cubisme et maître incontesté du surréalisme, a réalisé au cours de sa vie près de 50 000 œuvres. Habile sur tous les supports de création, Pablo Picasso sera à l’origine de peintures mythiques comme le célèbre « Guernica » ou encore « Les Demoiselles d’Avignon ».
Le 8 avril 1973, Pablo Picasso décède d’une embolie pulmonaire alors qu’il réside dans son domicile dans le sud de la France. Au moment de son décès, l’artiste-peintre est entouré par sa famille et ses proches. Aujourd’hui, le légendaire peintre repose dans le parc du château de Vauvenargues dans les Bouches-du-Rhône. Si Pablo Picasso n’avait pas laissé de testament derrière lui, il avait indiqué dans ses dernières volontés vouloir qu’une de ses œuvres repose à ses côtés. Ce fut le cas avec sa sculpture en bronze « La femme au vase » qui est scellée sur sa tombe.
La mort de Pablo Picasso lancera une succession d’événements comme la réalisation d’un inventaire colossal durant quatre ans permettant de déterminer l’étendue de l’héritage de l’artiste. C’est donc en 1977 que Maurice Rheins a terminé l’évaluation de l’entier actif successoral mesuré à 1,4 milliard de francs soit aujourd’hui 700 millions d’euros. Une estimation ne comprenant pas les droits patrimoniaux qui couvrent les reproductions. Maurice Rheins explique alors : « J'ai été stupéfait, c'était à la fois la quantité et la qualité que je découvrais. Il y avait là non seulement des œuvres inconnues et superbes, mais aussi des toiles illustres que Picasso, refusant de les vendre, avait gardées pour lui. » Ce patrimoine comprend à la fois les multiples œuvres de l’artiste qui se comptent en milliers, mais aussi son patrimoine immobilier et sa propriété intellectuelle.
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L’État, un héritier supplémentaire ?
Dans cet héritage complexe, l’État a reçu une part de l’héritage. En effet, les membres de la famille ont pu passer un accord de dation qui permet aux héritiers de payer les droits de succession par le biais d’œuvres d’art. L’État a donc pu opérer à un choix parmi la totalité du patrimoine artistique avant qu’il ne soit distribué aux héritiers.
Avec cette part d’héritage, l’État a ouvert le musée Picasso en 1985 permettant d’offrir à tous la possibilité de voir les œuvres de l’artiste allant de sa période bleue à ces dernières créations. La collection inédite du musée Picasso comprend près de 5 000 œuvres. Dans ce trésor, on retrouve plus de 230 tableaux, environ 150 sculptures, plus de 1 500 dessins et 1 600 gravures mais aussi un peu moins d’une centaine de céramiques. Les droits de succession constituent aujourd’hui l’une des plus grandes collections publiques dédiées à Picasso.
Tensions Familiales et Héritiers
En parallèle de cette évaluation et de ces droits de succession apparaissent des tensions familiales. Dans un premier temps, lors de l’enterrement de Pablo Picasso certains de ses descendants n’ont pas eu le droit d’accéder au château en raison de leur illégitimité. Ce fut notamment le cas pour Maya et Paloma. L’après Picasso a en effet laissé place à une véritable guerre juridique n’ayant pas de testament écrit.
Côté vie personnelle, Pablo Picasso se mariera avec Olga Khokhlova, une danseuse russe avec qui il aura son premier fils Paulo. Par la suite, le peintre deviendra père à trois autres reprises en raison d’adultères et de naissances hors mariage. En effet, il aura une liaison avec Marie-Thérèse Walter avec qui il accueillera sa fille Maya avant d’avoir avec Françoise Gilot deux autres enfants cadets : Claude et Paloma.
Paulo Ruiz Picasso né en 1921 du mariage entre Pablo Picasso et la danseuse ruse Olga Khokhlova. Il figure comme seul descendant légitime. À ses côtés dans la liste des héritiers figure la seconde et dernière femme de l’artiste, Jaqueline Roque. C’est sans compter sur les trois enfants cadets de Pablo Picasso qui comptent bien récupérer leur partie de l’héritage malgré leur naissance hors mariage. Issus d’adultères, Maya - fille de Marie-Thérèse Walter - ainsi que Claude et Paloma - enfants de Françoise Gilot - vont donc s’allier afin d’intenter des actions en justice. En 1974, les trois cadets remporteront ce procès et pourront à partir de ce moment prétendre à une partie de la succession. Cette part de la fortune, gagnée en reconnaissance de droit, s’estime à la moitié de ce que l’enfant légitime reçoit.
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C’est d’ailleurs à la suite d’un changement législatif en France qui n’autorisait pas la reconnaissance des naissances hors mariage que Maya, Claude et Paloma pourront récupérer le nom de famille de leur père.
Cependant, rapidement après le décès de Pablo Picasso en 1973, le tableau des héritiers sera bousculé par une succession d’événements tragiques. En effet, quelques jours seulement après les obsèques du peintre, son petit-fils Pablito - fils aîné de Paulo - qui s’était vu refuser l’accès aux funérailles de son grand-père par Jacqueline Roque se suicide en avalant de l’eau de javel. Deux ans après le décès de l’artiste, son unique fils légitime décède d’un cancer du foie. Sa nouvelle fortune, quant à elle, reviendra à sa femme Christine et à ses enfants : Bernard et Marina. Ce second décès soudain sera suivi de celui de Jacqueline, deuxième héritière majeure et dernière épouse de Pablo Picasso, qui se suicide d’une balle dans la tête en 1986. Un triste sort que connaîtra également Marie-Thérèse Walter qui en 1977 se pendra dans le garage de sa villa dans le Midi.
De leur côté, si les enfants dits illégitimes et hors mariage de Pablo Picasso finissent par recevoir leur dû à hauteur de 85 millions de francs, Maya et Claude mourront de vieillesse à leur tour en 2022 et en 2023. Françoise Gilot, mère de Paloma et Claude, décèdera également de vieillesse à l’âge de 101 ans en 2023. Aujourd’hui, ceux qui font perdurer, ou non, la fortune de Pablo Picasso sont Paloma, Marina et Bernard.
L'Héritage Aujourd'hui
En plus d’avoir hérité de bon nombre d’œuvres, les héritiers de Pablo Picasso vont exploiter les droits patrimoniaux (droit de reproduction et de représentation) qui leur reviennent jusqu’en 2044, soit 70 ans après la mort de l’artiste. Ces droits sont notamment gérés par Paloma Picasso. Aujourd’hui âgée de 75 ans, la femme d’affaires connue pour être une créatrice de mode a repris les rênes de la société Picasso Administration. Celle-ci fut fondée et dirigée longtemps par son frère Claude. Cette fondation gère en effet les droits liés à l’œuvre, au nom et à l’image du peintre. Son patrimoine serait estimé aujourd’hui à près de 10 milliards d’euros.
Depuis le décès de son frère Claude, c’est Paloma qui a été désignée par leur avocat pour reprendre la succession. Un bel héritage qu’elle décrit à « France Inter » en 2022 de « lourd, mais qu'il y avait beaucoup d'amour derrière ».
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Pour ce qui est des petits-enfants de Pablo Picasso, Bernard deviendra un homme d’affaires et un prêteur d’œuvres d’art. En effet, sur sa collection et son héritage personnel, il prêtera à de nombreuses reprises les œuvres pour des événements. L’héritage important perçu lui permettra de vivre à l’abri avec sa famille.
Enfin, en ce qui concerne Marina, son héritage prend un tout autre sens. En effet, la jeune femme propriétaire de 10 000 œuvres va vendre une partie de cette succession symbolisant sa colère contre son clan familial. « C’est symbolique parce que je suis née dans une grande famille, mais ce n’était pas une famille », déclarait Marina Picasso. Cette dernière a également reçu en héritage à l’âge de 20 ans la villa « La Californie » de Pablo Picasso.
Avec l’argent de la vente des biens de Pablo Picasso, Marina entend financer ses œuvres philanthropiques et caritatives. En effet, la petite-fille de Pablo Picasso soutient de nombreuses œuvres comme les hôpitaux pédiatriques au Vietnam où elle a fait un don de 1,5 million d’euros. Marina Picasso élève aujourd’hui cinq enfants dont trois qu’elle a adoptés au Vietnam.
Aujourd’hui encore Pablo Picasso est l’un des artistes-peintre qui se vend le mieux après Andy Warhol.
Ce vendredi 25 août a été annoncé le décès de Claude Ruiz Picasso, le plus jeune fils du peintre espagnol Pablo Picasso. Claude Ruiz Picasso est parti rejoindre son père. Son avocat Jean-Jacques Neuer a annoncé qu'il était décédé en Suisse à l'âge de 76 ans, sans préciser la cause de sa disparition. "Claude Ruiz Picasso laisse son épouse, Sylvie Vautier, épouse Picasso, et deux enfants, Jasmin et Solal", a-t-il sobrement fait savoir dans un communiqué transmis à l'AFP.
Née Marie-Françoise Gilot, la mère de Claude Ruiz Picasso est la fille d'Emile Gilot, un chimiste fondateur des Parfums Gilot et de Madeline Renoult. Elle n'avait que 21 ans lorsqu'elle avait la rencontre de Pablo Picasso, en mai 1943. Lui était alors âgé de 61 ans et était l'amant de Dora Maar, une photographe et artiste française. Pendant neuf ans, de 1944 à 1953, ils avaient vécu une histoire passionnée qui avait donné naissance à leurs deux enfants, Claude, né en 1947 et Paloma, née en 1949. Surnommée "la femme qui dit non" par le peintre, elle l'avait quitté pour s'installer à Paris avec leurs deux enfants, avant de partir vivre aux Etats-Unis deux ans plus tard.
Interrogée sur l'héritage du monument de la peinture mondiale, cause de « souffrance » pour nombre de ses descendants, « je dirais qu'il est lourd mais qu'il y avait beaucoup d'amour derrière », a répondu la femme d'affaires âgée de 73 ans. Celle qui s'est construit une image d'icône de la mode aux lèvres rouges et aux yeux charbonneux, créatrice de parfums, robes et accessoires de mode, a qualifié sa relation avec son père, pour lequel elle a posé, d'« absolument magique et merveilleuse » pendant son enfance. « Petite fille très silencieuse », elle était « autorisée » à rester dans l'atelier du maître, fumeur invétéré de Gitane, qui lui fabriquait de « petits personnages à colorier » avec les paquets vides.
En 1963, à l'adolescence, paraît le livre de sa mère, Living with Picasso (« Vivre avec Picasso »), où Françoise Gilot décrit le peintre comme un « être tyrannique, superstitieux et égoïste ». Ce n'était « pas un livre contre Picasso, elle a humanisé Picasso.