Laisser les enfants seuls : loi et conseils

Tous les parents se retrouvent un jour ou l’autre confrontés à cette question : puis-je laisser mon enfant sans surveillance ? Voici ce qu'il faut savoir.

Que dit la loi ?

La loi, en réalité, ne fixe pas d’âge minimum pour laisser son enfant seul. Mais il y a la définition de « l’autorité parentale » qui correspond à l’ensemble des droits et des devoirs que les parents ont vis-à-vis de leur enfant mineur. Des droits et devoirs qui doivent être exercés « dans l’intérêt de l’enfant », explicite l’article 371-1 du Code civil.

Les parents ont un « devoir de commandement et de surveillance sur l’enfant ». Les parents doivent le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité. Ils doivent également assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne.

Pour exercer leur fonction, les parents ont ainsi « un devoir de commandement et de surveillance sur l’enfant », rappelle le site officiel de l’administration française. À l’égard de leur enfant, les parents ont ainsi des droits et des devoirs de surveillance et de protection. Les parents doivent veiller sur la sécurité de l’enfant, surveiller ses relations, ses déplacements… Chacun des parents doit contribuer aussi « à l’entretien matériel de l’enfant », c’est-à-dire le nourrir, l’héberger, pourvoir à ses besoins (loisir, culture).

Des parents défaillants peuvent ainsi se voir retirer l’exercice de l’autorité parentale. Reste la question : à partir de quel âge peut-on légalement laisser un enfant sans surveillance ?

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Si la loi ne fixe effectivement pas réellement d’âge minimum, il est souvent sur ce point évoqué « l’âge de discernement ». Les mineurs de moins de 13 ans sont ainsi « présumés » ne pas être capables de discernement, en France, selon le code de justice pénale des mineurs.

L'importance de la maturité

Néanmoins, "la question ne vient pas vraiment de l’âge de l’enfant mais de sa maturité", nuance Florence Millot, psychologue pour enfants, auprès de franceinfo . Entre 6 et 8 ans, le développement du cerveau de l'enfant lui permet d'avoir une certaine représentation du temps et d'anticiper la portée de ses actions, a détaillé le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, au Parisien . Mais tous les enfants n'apprennent pas au même rythme et il faut savoir évaluer leur niveau de maturité et leur caractère.

Conseils pratiques pour les parents

Plusieurs facteurs sont en réalité à prendre en considération : le niveau de maturité de l’enfant, le degré de sécurité de l’environnement, la fratrie et la durée de cet éloignement. Et dans tous les cas, il est recommandé d’évaluer les capacités de l’enfant à rester seul et de le préparer au préalable. Les enfants ne se ressemblent pas et ce qui paraît envisageable pour l’un sera un réel danger pour l’autre.

Les experts s’accordent généralement toutefois pour déconseiller aux parents de laisser les enfants de 7 ans ou moins sans surveillance, écrivent les forces de l’ordre, en Belgique. Pour les autres, c’est une question de jugement. « En général », un enfant de 12 ans peut rester seul quelques heures en journée.

Dans tous les cas, l’enfant doit avoir compris et intégré des consignes précises lors de certaines situations : que doit-il faire s’il sent une odeur de fumée ? Si un inconnu sonne à la porte ? Si quelqu’un vous demande au téléphone ?

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Comment préparer son enfant ?

• Établir des règles claires : L’utilisation d’internet (contrôle parental), temps de TV, interdiction d’inviter un ami sans votre autorisation, interdiction d’utiliser le four ou la gazinière…
• Habituer progressivement : D’abord, on peut habituer l’enfant à rester seul pendant de courtes périodes, pour aller poster une lettre ou acheter une baguette, par exemple. Et augmenter progressivement ce temps.
• Faire un test : Dans tous les cas, il est recommandé de faire un test assez court avant de le laisser sans surveillance. Précisez quand il peut vous appeler par téléphone ou les heures durant lesquelles vous n’êtes pas disponible.
• Sécuriser l'environnement : Assurez-vous que rien ne traîne de dangereux ou de tentant dans la maison : alcool, cigarettes, médicaments, clés de voiture, allumettes, etc.

Autonomie: tout un apprentissage

Pour rassurer un enfant qui aurait peur de se retrouver seul et désœuvré, les parents peuvent aussi lui donner une sorte d'emploi du temps à respecter pendant l'absence des parents : lire un livre, puis goûter des gâteaux prévus à cet effet et regarder un dessin-animé, propose la spécialiste.

L'avis des experts

Pour rendre votre enfant autonome dans de bonnes conditions, voici les conseils d’Anne Fabre, infirmière puéricultrice à Dijon (Côte-d’Or) et membre du collectif « Je suis infirmière puéricultrice ».

• Partir du désir de l’enfant et y aller progressivement : « L’adulte doit être sûr de la sécurité physique et psychologique de son enfant. Si ce dernier est un peu angoissé à l’idée de rester seul, il ne faut pas forcer. Il faut qu’il s’en sente capable », souligne Anne Fabre.
• L’aider à s’occuper et établir des règles : Parent, « il est important aussi de se dire : “comment mon enfant va s’occuper pendant mon absence ?”, poursuit cette professionnelle de l’enfance. Si c’est pour s’occuper devant un écran pendant trois heures, ça ne va pas. Je préconise aux parents d’établir un petit programme et de donner à son enfant des tâches à faire, de quoi s’occuper. Sans le surcharger.
• Comment le préparer ? : Outre la capacité de l’enfant à rester seul et à s’occuper, il faut aussi qu’il soit en mesure de réagir en cas de problème. Et cela se prépare avec lui. « Pour sa sécurité, on le sensibilise à toutes les circonstances qui pourraient survenir, sans le stresser pour autant », recommande Anne Fabre.

Tableau récapitulatif des recommandations

Et quand il y a des petits frères et sœurs ?

Lorsqu’il y a des petits frères et sœurs, à partir de quand peut-on les laisser seuls ? Là encore, pas de réponse claire et nette. Tout dépend de l’âge des enfants. C’est aux parents de juger. « En fonction de leur maturité, ils n’auront pas la même capacité de discernement, souligne Anne Fabre. Quand il y a des fratries, il faut juger comment ils arrivent à se réguler les uns les autres : est-ce qu’on peut les laisser en confiance ou est-ce qu’ils risquent de se disputer et ont besoin d’un adulte pour les réguler ? »

Seul pour une soirée ?

À partir de quand peut-on laisser son enfant seul toute une soirée, et se passer de baby-sitter ? L’infirmière puéricultrice conseille « plutôt fin de collège, début lycée ». À condition que l’enfant soit bien autonome et se sente à l’aise avec le fait de rester seul le soir. « Car même un peu plus grand, cela peut être angoissant la nuit, il y a des bruits », souligne-t-elle.

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