Les enfants de Landru après son exécution

Henri-Désiré Landru, surnommé le "Barbe-Bleue de Gambais", est l'un des premiers tueurs en série français. Entre 1914 et 1919, il a assassiné 10 femmes séduites via des annonces matrimoniales, les dépouillant de leurs biens avant de faire disparaître leurs corps. Son procès, qui s'est ouvert le 7 novembre 1921, a captivé la France entière. Condamné à mort, il a été guillotiné le 25 février 1922. Mais qu'est-il advenu de ses proches après son exécution ?

La dernière compagne de Landru : Fernande Segret

Fernande Segret a été l'ultime compagne de Landru. Nous sommes en 1917, et la jeune femme, âgée de 24 ans, rencontre un certain Désirée-Henri Landru dans le tramway parisien. Il a 48 ans, mais la différence d’âge n’a pas l’air de les préoccuper. L’homme ment sur son identité et prétend s’appeler Lucien Guillet. Très rapidement, ils entament une histoire d’amour.

Elle ne le sait pas encore, mais Fernande est la douzième compagne de l’homme et la dernière. Un matin, le commissaire Dautel et l’inspecteur Belin viennent sonner à la porte du couple. Fernande Segret ne comprend pas ce qu’il se passe. Selon elle, elle n’aurait pas été au courant des onze assassinats dont est accusé son conjoint. Fernande Segret a été la seule épargnée, sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi.

Suite au procès de Landru, Fernande Segret tente de se reconstruire. Elle travaille d’abord dans un cabaret parisien avant de s’envoler, direction le Liban. Elle devient gouvernante et décide de se faire oublier. Elle y restera 40 ans, avant de revenir en France, en 1965. Désormais âgée, elle tient à préserver son anonymat et se fait appeler Ernestine. Elle emménage à Flers, place Charleston, pour se rapprocher de sa famille. Pourtant, chaque année, elle organise une messe quelque peu particulière.

En 1963, le réalisateur Claude Chabrol entreprend de tourner un film sur la vie de Landru. Fernande Segret s’y oppose et intente un procès. Elle n’obtient cependant que 10 000 francs de dommages et intérêts sur les 2 000 000 réclamés. Cette histoire fait replonger la femme dans de douloureux souvenirs.

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Retranchée depuis quelques années dans une maison de retraite flérienne et souffrant de maux de dos importants, elle se jette, le 21 janvier 1968, dans les douves du château de Flers, dans l’Orne. C’était le 21 janvier 1968 à Flers, dans l’Orne. Une femme de 75 ans se jetait dans les douves du château. Il s’agit de Fernande Segret, l’une des douze fiancées du tueur en série Désirée-Henri Landru et la seule rescapée.

Profitant du retentissement de l’affaire, les journaux lui achetèrent le récit de sa vie avant qu’elle ne décide de disparaître. A peine de retour, elle découvrit le film Landru (1963) de Claude Chabrol qui la mettait en scène sans lui avoir demandé son autorisation (on la croyait disparue). N’appréciant guère le ton sarcastique employé pour traiter l’affaire et la manière dont il la représentait, elle abandonna son anonymat, fit un procès au réalisateur et obtint des dommages et intérêts.

Agée, souffrant mille maux, elle choisit de mettre fin à ses jours le jour anniversaire de la demande en mariage que son amant lui avait faite tant d’années auparavant. Elle se jeta dans les douves du château de Flers, non loin de la maison d’accueil où elle s’était retirée. Dans sa chambre, il y avait deux photos : l’une de sa mère, l’autre de Landru. A la demande d’un proche, Fernande Segret fut inhumée au cimetière de Thiais où sa tombe fut relevée dans les années 1970.

Les enfants de Landru

Landru était marié à Marie-Charlotte Rémy et père de quatre enfants. Le 19 décembre 1919, sa femme et son fils Maurice furent inculpés de recel qualifié ainsi que de faux et usage de faux. Internée à la prison Saint-Lazare pour avoir aidé son époux à réaliser des titres ayant appartenu à une des victimes, Mme Landru obtint finalement un non-lieu. Sa famille le croyait brocanteur.

Contrairement à ce que l’on croit, sa famille la prit en charge le lendemain pour l’inhumer dans une concession temporaire qu’on lui avait accordée à titre tout à fait exceptionnel pour une durée de cinq ans. Et c’est bien sa famille qui plaça la croix sur sa tombe prise en photo, cliché souvent regardé à tort comme un montage d’un photographe en mal de sensations.

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D’abord parce que la loi l’interdisait (Cimetière parisien d'Ivry: carré des suppliciés), et que ses quatre enfants tentèrent de se réfugier dans l’anonymat en adoptant le nom de jeune fille de leur mère. Maurice, très importuné, changea de nom trois fois. Ce n'était pas pour faire la publicité de leur père par la suite.

L'exécution de Landru

Samedi 25 février 1922, 4 heures du matin. La nuit est froide à Versailles. Il gèle et les pavés de la place des Tribunaux sont luisants. Dans à peine plus de deux heures, Henri-Désiré Landru sera guillotiné par une autre star : le bourreau Anatole Deibler. Pour l'instant, le Barbe-Bleu de Gambais, condamné pour huit assassinats de femmes, est toujours dans l'obscurité de sa cellule, derrière les hauts murs de la prison. Mais dans la nuit, il peut entendre la rumeur de la foule qui se presse, emmitouflée, pour assister au spectacle.

Il y a une heure environ, des fantassins et des gendarmes ont même dû repousser les badauds pour dégager l'espace devant la porte de la prison. C'est là, à moins de deux mètres de l'entrée, sur le trottoir, que la guillotine va bientôt être dressée. Les « bois de justice » comme on les appelle viennent d'arriver dans un fourgon tiré par des chevaux blancs. Quelques murmures et voilà trois hommes qui descendent du fourgon vêtus de cottes bleues : les trois aides de Deibler, l'exécuteur en chef. Landru est son 5e « client » de l'année 1922. A la seule lueur d'une lanterne, les trois hommes montent la guillotine. Il leur faut à peine une heure pour installer la machine.

A 5 heures, la porte de la prison vient de s'ouvrir pour laisser entrer les avocats de Landru, le procureur et l'aumônier. Dans quelques minutes, ce sera le réveil du condamné et les dernières formalités. Anatole Deibler toujours impeccable dans sa redingote vérifie les derniers réglages de sa guillotine, hisse le couteau et s'assure de son fonctionnement alors que la foule est de plus en plus compacte.

La grande porte de la prison s'ouvre. Entravé des pieds et des mains, Landru apparaît, soutenu par les aides du bourreau. Il est 6 heures pile. Le condamné a refusé le verre de rhum et la cigarette qu'on lui a proposé et a seulement remercié ses avocats. La foule qui l'attend depuis des heures ne l'aperçoit que quelques instants avec sa chemise blanche dont le col a été découpé.

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Comme à son habitude, Anatole Deibler, impeccable dans sa redingote à près de 60 ans, fait les choses rapidement. Landru est poussé sur la bascule. Un léger déclic et le couteau vient trancher la tête de l'assassin.

Il est 6h10, le temps est « clair », notera scrupuleusement Anatole Deibler dans son carnet. En quelques secondes, le corps de Landru est chargé dans un fourgon qui prend la direction du cimetière des Gonnards. Il ne reste plus qu'à démonter la guillotine pour la rapporter à Paris. Le jour se lève. Anatole Deibler rentre dans sa maison de Boulogne pour y attendre le prochain ordre d'exécution.

A l'énoncé du verdict, il resta impassible. Alexandre Millerand, président de la République, d’habitude enclin à la grâce la lui refusa. Comme dernière volonté, il réclama de se laver les pieds ce qui lui fut refusé par crainte d’un suicide. Estimant que le rhum et la cigarette « Ce n'est pas bon pour la santé », il déclina les dernières prérogatives du condamné.

Sans se départir de sa superbe, Désiré Landru fut guillotiné à l'entrée de la prison de Versailles à l'aube du 25 février 1922 par le bourreau Anatole Deibler sans jamais avoir avoué malgré l’ultime tentative de son avocat : « Cela, Maître, c'est mon petit bagage... » !

Tableau récapitulatif des éléments clés de l'affaire Landru

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