Que sont devenus les enfants de Lucie Aubrac ?
Le 14 mars 2007, Lucie Aubrac, figure emblématique de la Résistance française, disparaissait. Issue d'une famille de viticulteurs en Saône-et-Loire, elle part à Paris à l'âge de 17 ans et travaille à la plonge dans un restaurant.
Lucie Aubrac, née BERNARD et épouse SAMUEL, est une grande figure de la Résistance française à l’occupant nazi pendant la seconde Guerre Mondiale. Née à Paris, XIVe arrondissement, le 29 juin 1912, elle était munie de l’agrégation d’histoire et géographie (1938), et devint professeur à Strasbourg puis Vannes (où elle enseignera notamment à Simone SIGNORET). En 1939, elle épouse Raymond SAMUEL, jeune ingénieur des ponts et chaussées.
Lucie est une jeune femme intelligente, dynamique et courageuse. Dès ses études, elle s’engage en rejoignant une association pacifiste, puis en 1932 les Jeunesses Communistes. La guerre lui donnera une stature d’héroïne. Dès l’automne 1940, elle entre en Résistance et participe avec Raymond à la création du mouvement Libération-Sud.
En 1940, sous l'occupation, Lucie et son époux s'engagent ensemble dans la Résistance et se voient obligés de vivre cachés. Lucie est alors engagée au journal Libération, quotidien clandestin. Raymond et Lucie changent alors leur nom «Samuel» pour «Aubrac».
En mars 1943, Raymond et Jean Moulin sont arrêtés par Klaus Barbie. Sept mois après, Lucie organise un coup de génie et réussit à faire évader son époux. En novembre de la même année, elle sauve encore Raymond, qui avait été arrêté de nouveau en juin, cette fois par la Gestapo. Pour cette dernière évasion, Lucie va voir en personne - et mystifie - rien moins que le chef de la Gestapo à Lyon, Klaus BARBIE.
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Après la guerre, Lucie AUBRAC poursuit son engagement pacifiste dans le Mouvement de la paix, mais s’éloigne du Parti Communiste. Le couple part alors vivre à l’étranger (Rabat, Rome, New York). Les AUBRAC, tous deux à la retraite, reviennent à Paris en 1976. Lucie renoue avec la vie militante à la Ligue des droits de l’homme.
En 1997, Claude Berri rend hommage à cette femme remarquable dans son film «Lucie Aubrac». Le film Lucie Aubrac, réalisé en 1997 par Claude Berri, s’inspire de l’autobiographie de la résistante.
Aujourd'hui, l'héritage de Lucie Aubrac continue de vivre à travers ses descendants. Catherine Vallade et Élisabeth Helfer-Aubrac, les deux sœurs, étaient à Bordeaux pour l’inauguration de cette 103e école en France qui porte le nom de Lucie Aubrac.
« Du temps où notre père était encore là, c’est lui qui y allait. Aujourd’hui, nous sommes très attentives à ce qu’au moins l’une d’entre nous soit présente lors des inaugurations, indique l’aînée Catherine Vallade. Quand on donne à une école le nom de notre mère qui fut enseignante, c’est qu’un Conseil municipal de sensibilité républicaine s’engage, reconnaît son combat pour la résistance, mais surtout pour l’école laïque. Aujourd’hui c’est très important. L’école laïque était pour elle le symbole de la mixité social. C’était fondamental. »
Pendant la visite des bâtiments commentée par l’architecte Stéphane Giet, entourées de nombreux élus dont le maire Célia Monseigne, le député Philippe Plisson, la sénatrice Françoise Cartron, la conseillère régionale Lydie Héraud ou encore du sous-préfet Marc Markhlouf, les deux sœurs commentent et apprécient ce bâtiment ouvert en septembre, économe en énergie, à la toiture végétalisée et qui compte huit classes de maternelle et de primaire.
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« C’est vrai qu’elle est belle cette école. C’est toujours un plaisir de découvrir un équipement rationnel. C’est primordial pour les enfants et pour les enseignants », souligne Catherine Vallade.
Sa « petite sœur », enseignante à la retraite, apprécie également. « C’est très innovant d’avoir orienté toutes les salles de classe au nord pour que les élèves n’aient pas trop chaud. C’est superbe, ça donne presque envie de retourner à l’école, même si je m’y suis enquiquinée ! », lance la plus espiègle des sœurs Aubrac qui a enseigné avec tout autant de passion que sa mère en lycée professionnel, « auprès d’enfants souvent orientés par l’échec ».
Lors de la visite d’une classe, Catherine Vallade et Élisabeth Helfer-Aubrac prennent le temps d’échanger avec les élèves, très directement. Dans un couloir, l’aînée raconte être née à Londres en février 1944, au lendemain de la fuite de ses parents en avion depuis le Jura (lire ci-contre), peu après que sa mère Lucie a organisé la rocambolesque et courageuse évasion de son mari Raymond, pris entre les mains de la Gestapo de Lyon. « Notre mère avait beaucoup de personnalité, beaucoup de caractère. Notre père parlait moins, mais il était tout autant dans l’action. »
Livrant un message de « solidarité » aux élus, Élisabeth Helfer-Aubrac confie que « notre maman n’aurait jamais été Lucie sans Raymond, et il n’y aurait pas eu de Raymond Aubrac sans Lucie. C’était un vrai couple, on en a entendu des engueulades ! Ils nous ont souvent dit aussi qu’il n’y aurait pas eu de Raymond et de Lucie sans leurs camarades de la Résistance pour lutter contre les Nazis. Et aujourd’hui, pour quelles causes se lèveraient-ils ? Catherine Vallade n’hésite pas. « Mon père œuvrerait pour la coopération internationale, pour que chaque peuple puisse vivre sur son territoire. En France, ils combattraient le Front national. Notre mère Lucie disait que les enfants ou les adultes qui sont capables de reconnaître et de dire “ça, c’est pas juste !” sont ceux qui sont prêts à entrer en résistance.
Olivier Vallade, ingénieur au CNRS, historien spécialiste de la Résistance et de la Déportation et petit-fils des résistants Raymond et Lucie Aubrac, a pris l'habitude de parler de ses grands-parents. Il travaille depuis plus de 30 ans sur l’histoire de la Résistance et est souvent sollicité quand vient le temps des commémorations.
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Renaud Helfer-Aubrac, petit-fils de Lucie et Raymond Aubrac, a adressé un courrier à la municipalité pour exprimer son indignation concernant la réservation de l'espace Lucie Aubrac du Vigan (Gard) par un député de l'extrême droite. « Le RN/FN et ses acolytes sont les enfants de Pétain et de l’Algérie française, dénonce-t-il. En pleine commémoration du 80e anniversaire de la libération des camps, la décision passe d’autant plus mal. « On ne s’oppose pas à l’idéologie et à la violence de l’extrême droite par des concessions et mortifères si petites soient-elles », poursuit-il. Auprès de l’Humanité, Renaud Helfer-Aubrac se désole du manque de considération de la mairie pour le combat de ses grands-parents pour la liberté.