Denis Charvet: Enfance, Rugby et Vie d'un Homme Passionné
Denis Charvet, figure emblématique du rugby français et consultant pour RMC Sport, a marqué son époque par son talent sur le terrain et sa personnalité attachante. Son parcours, riche en émotions et en défis, témoigne d'une vie pleinement vécue, entre passion sportive, aspirations artistiques et épreuves personnelles.
Les Débuts d'une Passion
Tout a commencé pour Denis Charvet le jour où il a vu jouer André Boniface pour la première fois. À tout juste dix ans, il fut frappé par son allure, son esthétique. Il se souvient : « Je n’ai retenu que cette beauté. Je me suis dit: «Je veux être ça» ». Après, tout s’est enchaîné comme dans un rêve. Il a ensuite été ébloui par Jo Maso, un archange de ce jeu. Il avait de l’attirance pour le beau geste et a vécu grâce à André et Jo un choc émotionnel intense, s'en inspirant, comme plus tard, Jean-Pierre Rives fut une autre source d’inspiration.
Enfant, Denis aimait autant le foot que le rugby. Avec son ballon rond, il tapait contre la porte du garage. Avec l’ovale, il refaisait les matchs en imitant la voix de Roger Couderc. Il était conditionné, un brin autiste aussi, replié sur lui-même. Chez lui à Cahors, il n’y avait pas de foot, ça tombait bien il n’avait pas la mentalité d’un footballeur. Ses idoles étaient des rugbymen du Stade cadurcien dont certains venaient de sa famille, comme André Melet, son oncle, champion avec le Stade toulousain en 1947.
Très jeune, il aimait aussi le cinéma. Dans la cave de ses parents, il avait installé une salle de ciné, cachant le projecteur derrière une cloison pour qu’il fasse moins de bruit. Là, il prenait nos films de vacances et il les montait, à la colleuse puis à la scotcheuse. Il jouait au metteur en scène, un métier qui l'attire toujours.
L'Ascension dans le Rugby
Sa rencontre, en 1982, avec Pierre Villepreux, après un match universitaire changea tout. Pierre lui dit : « L’an prochain, on fera jouer les jeunes ». C’est comme ça qu’il a dit oui. Pour lui, Pierre était un dieu vivant du rugby. Il n’avait aucune expérience, juste une personnalité assez animale qui lui permit de faire le break immédiatement. Il a disputé son premier match à Angoulême juste après le stage de début de saison et il n’a plus jamais quitté l’équipe. Il aimait la vie, il ne calculait rien.
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Denis Charvet a connu la gloire avec le Stade Toulousain, remportant plusieurs titres de champion de France (85-86-89). Il a également porté les couleurs du Racing Club de France. Sa carrière sportive a été marquée par des moments forts et des rencontres déterminantes.
Remise en Question et Rebond
Plus d’une fois il a chuté. Il s'est toujours relevé, un peu à la manière de Sancho Panza, l’écuyer de Don Quichotte. Il n’a jamais eu peur de se retrouver par terre. Peu à peu, il est devenu plus responsable. Un jour, après la mort de sa mère, disparue après son père, il est devenu orphelin.
Il regrette, par dilettantisme, de ne pas être allé au-delà de son potentiel physique. Personne ne lui a dit qu’en faisant plus d’exercices, il deviendrait meilleur. Il n’a pas non plus tout fait pour être le meilleur en équipe de France. S'il avait été plus attentif à son hygiène de vie, aussi. Il se revoit comme une victime du système. C’est à cause de ça qu'il est parti au Racing. Il ne voulait pas mal finir. Seulement, il a quitté le Stade un an trop tôt, en 1990. Ce départ a causé sa perte.
Il a refusé d’être remplaçant lors d’un match de préparation. Il a dit non pour être en accord avec lui-même. Il lui a fallu six mois avant de rejouer au rugby. Ce fut sa plus grande douleur. Son erreur est d’avoir signé trop tôt au Racing, mais il voulait faire la Fémis, l’école nationale supérieure des métiers de l’image et du son. Alors il a pris la direction de Paris.
Paris et le Cinéma
Monter à Paris au début des années 80, à tout juste 20 ans, c’était un grand saut. Une fois arrivé à la capitale, il a suivi des cours de théâtre pendant trois ans avec Thierry Rey, l’ancien champion olympique de judo, de Gabrielle Lazure, Anne Parillaud et Pascal Greggory.
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Quant au cinéma, il est en plein dedans. Il est en train d’écrire un scénario avec Philippe Guillard sur l’histoire très drôle d’une mascotte qui porte malheur. Michaël Youn est à fond sur le rôle.
Consultant Sportif et Commentateur
Ancienne gloire des terrains de rugby des années 80, Denis Charvet a évidemment un œil aiguisé sur les matches de l'équipe de France qu'il commente en tant que consultant pour la Coupe du Monde. « Le rugby, c'est une philosophie, un état d'esprit, souligne-t-il. On a oublié l'essentiel, la passion qui nous anime tous. Il faut un supplément d'âme, amener de la fraîcheur à cette équipe, changer des joueurs, mais pas pour les punir. »
Les Barbarians
Avec les Barbarians, c'est l'aventure humaine avant tout. La veille du match des Bleus contre le Japon, les Barbarians français disputent un match à Houston face aux Etats--Unis. Denis Charvet, le manager de ce groupe unique en son genre s'est confié à Rugbyrama sur cette aventure américaine.
Denis Charvet insiste également sur une notion phare qu'il a voulu mettre en avant auprès de son groupe sur cette aventure : la liberté, l'autonomie. La liberté est indispensable. On les fait venir après une saison qui est longue et même démente. Si on les enferme dans un système, ils ne l’accepteront pas et c’est normal. Et c’est la philosophie des Baa-Baas de laisser cette liberté. Mais être libre, ce n’est pas faire n’importe quoi. Être libre, c’est aussi être responsable de ses actes.
L'Amitié et les Hommages
Richard Bohringer signe la préface du livre de Denis Charvet pour ne pas oublier ce que démontre « Balle de Match » : « J’ai aimé cet homme, sa simplicité, nos partages, nos fulgurances… Notre fraternité. Je l’ai beaucoup aimé ».
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Il se souvient d’un ami fidèle, Christophe Dominici : "C’était quelqu’un d’extrêmement généreux, qui aimait la vie, un passionné qui vivait à 100 à l'heure, mort un peu comme James Dean". Denis Charvet ressentait chez Christophe Dominici une sorte de contradiction. S’il "doutait très peu" sur le terrain, dans la vie, le son de cloche était différent.
Épreuves Personnelles et Reconstruction
Il faut remonter à 2001. Il travaillait sur France 2 dans le cadre de Stade 2 avec Dominique Rocheteau. Il gagnait très bien sa vie mais il ne pouvait pas continuer. L’arrêt l’avait mis face au vide et à cette insupportable compassion qu’on lui renvoyait sans arrêt. Les gens l’aimaient dans la lumière, une fois dans l’ombre, ils n’avaient plus rien à foutre de Denis Charvet. Il s'est rendu service à plein de monde, sans jamais rien récolter en retour.
Pourtant, avant de changer de cap, il a connu l’alcool et la drogue. Il le dit sans honte. Ce fut une échappatoire, il en est sorti. Il a dû se réincarner, accepter de devenir un homme comme les autres, privé de ce supplément d’âme qu’est le rugby. Joueur, il se sentait immortel, il était un dieu vivant. Après, il fut seul au monde, comme un fauve de cirque lâché dans la jungle urbaine, destiné à mourir.
Pour rebondir, il a suivi une thérapie pendant trois ans. Il lui fallait faire le deuil, tuer le joueur pour passer à autre chose. Pendant un moment, en quittant cet univers cadré qui n’était plus, il a un peu fait n’importe quoi, touché aussi à n’importe quoi, mais la vie est faite de rencontres, il y a eu les mauvaises, mais aussi celles qui l’ont délivré, qui ont contribué à sa reconstruction.
Philosophie de Vie
L’homme qui l’a le plus apporté en rugby, en lui donnant tout, c’est Pierre Villepreux. Erik Bonneval et lui, il les appelait les merveilles. Avant d’entrer sur le terrain, il leur disait: «Régalez-vous». Avec ça dans la tête, il ne peut rien t’arriver, seulement du bonheur. Cette confiance, offerte, c’est la meilleure des drogues.
Il est sur le chemin d’une forme de sagesse, un homme différent tous les jours. Sa boulimie de vie s’est calmée. Son boulot de consultant sur RMC lui plaît. Il a maintenant le goût des choses simples. Il se sent davantage relié à la nature.
Vie Actuelle
Le plus belle gueule du Stade des années 80 vit à Paris, à Saint-Germain-des-Prés. Normal pour un artiste. Famille, rugby, télé, ciné et amitié. Voilà le programme de ce Cadurcien béni des dieux et très heureux.
Aujourd'hui, il se sent comme en mission notamment avec les Barbarians. Il ne fait pas les choses pour être jugé mais pour avancer.
Il essaie d’être ce qu’il est dans la vie, d'une manière très professionnelle, mais avec le plus de naturel possible. Si on dit que c’est bien, c’est bien, ça fait plaisir... Si il arrive à donner un peu de bonheur aux gens, ils n’en ont pas toujours beaucoup, tout ira bien...