Allaiter son mec : Définition, motivations et controverses

Le concept d'allaitement du conjoint, aussi appelé "allaitement adulte", est devenu un sujet de conversation brûlant ces dernières années. Cette pratique, qui consiste pour une femme à allaiter son partenaire, a suscité une multitude de réactions, allant de la curiosité à l'indignation. Certains la perçoivent comme une expression d'intimité et de lien profond au sein d'un couple, tandis que d'autres la jugent choquante et inappropriée.

Une pratique controversée

L'allaitement du conjoint suscite un débat intense et divisé au sein de la société. Si certains la perçoivent comme une forme d'intimité et de lien profond au sein du couple, d'autres la jugent choquante et inappropriée, allant même jusqu'à la qualifier de "dégueulasse" ou de "malaise" comme le témoignent certains commentaires sur les forums en ligne.

L'idée d'une femme allaitant un homme adulte choque les normes sociales profondément ancrées, notamment celles qui associent l'allaitement à la maternité et à la nourrisson. Ce type de comportement, qui sort des sentiers battus, met en lumière la complexité des relations intimes et soulève des questions quant à la définition du "normal" et de l'acceptable dans le contexte de l'intimité conjugale.

La controverse est également alimentée par la nature intime et personnelle de la pratique. L'allaitement, historiquement associé à l'intimité mère-enfant, est considéré par certains comme un acte sacré et privé, qui ne devrait pas être exposé à la vue de tous. L'idée de partager cet acte intime avec un partenaire adulte est perçue comme une violation de cette intimité et un dévoilement inapproprié.

Les motivations derrière l'allaitement du conjoint

Les motivations qui poussent les couples à s'engager dans l'allaitement du conjoint sont variées et souvent personnelles. Si la pratique est souvent associée à un désir d'intimité et de proximité physique, elle peut également répondre à des besoins plus profonds et complexes.

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Dans le documentaire "Breastfeeding My Boyfriend" ("J'allaite mon petit ami" en français), diffusé sur la chaîne britannique Channel 4, Lana Michaels et son partenaire Shawn expliquent que leur motivation principale est d'ordre sexuel. Ils considèrent l'allaitement comme une forme d'intimité physique et émotionnelle qui renforce leur lien de couple.

Cependant, l'allaitement du conjoint ne se limite pas à une simple recherche de plaisir. Certaines femmes y voient un moyen de créer un lien unique et profond avec leur partenaire. Comme le souligne Daisy Gray, une femme qui pratique l'allaitement du conjoint, le plus important pour elle est que son partenaire dépende d'elle pour quelque chose. Cette dépendance crée un lien de proximité et de réassurance, permettant de renforcer les liens émotionnels au sein du couple.

Pour certains couples, il s'agit d'un moyen de créer une connexion profonde et unique, qui transcende les limites de la sexualité traditionnelle. Il est important de noter que les motivations derrière l'allaitement du conjoint sont souvent très personnelles et varient d'un couple à l'autre. Il est donc essentiel de respecter la diversité des expériences et des choix individuels, sans jugement ni stigmatisation.

Les aspects physiologiques de l'allaitement du conjoint

L'allaitement du conjoint, bien que controversé, soulève des questions physiologiques importantes. La production de lait maternel est généralement déclenchée par la grossesse et l'accouchement, mais il est possible de réinduire la lactation chez une femme qui n'est pas enceinte.

Dans le cas de l'allaitement du conjoint, la femme doit stimuler sa production de lait par des techniques spécifiques, comme la stimulation manuelle ou l'utilisation d'un tire-lait. Elle peut également avoir recours à des compléments alimentaires pour favoriser la lactation, comme le fenugrec ou le chardon-marie.

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Le processus de lactation est régi par des hormones, principalement la prolactine et l'ocytocine. La prolactine est responsable de la production du lait, tandis que l'ocytocine déclenche la libération du lait et contribue à l'attachement entre la mère et l'enfant.

L'allaitement du conjoint implique donc une stimulation hormonale et une adaptation physiologique similaire à celle de l'allaitement maternel. Cependant, il est important de noter que l'allaitement d'un adulte n'est pas sans risques. Tout d'abord, la femme qui allaite peut ressentir des douleurs aux seins, des crevasses ou des engorgements, comme cela peut arriver lors de l'allaitement d'un nourrisson. De plus, il existe un risque de transmission de maladies infectieuses, même si le partenaire est en bonne santé.

Le débat éthique et social

L'allaitement du conjoint suscite un débat éthique et social intense, qui met en lumière les tensions entre la liberté individuelle, les normes sociales et les valeurs morales.

Pour certains, l'allaitement du conjoint est une pratique qui transgresse les limites de l'acceptable social. Ils considèrent que cette pratique est choquante et inappropriée, et qu'elle viole les rôles traditionnels assignés aux femmes et aux hommes. L'idée d'un homme adulte se nourrissant au sein d'une femme est souvent perçue comme une perversion de l'instinct maternel et une inversion des rôles naturels.

D'autres s'inquiètent des implications psychologiques de l'allaitement du conjoint. Ils craignent que cette pratique ne crée une dépendance excessive et un lien malsain entre les partenaires, et qu'elle ne brouille les frontières entre l'intimité et la sexualité.

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Cependant, des voix s'élèvent pour défendre la liberté individuelle et le droit des couples à choisir leur propre mode de vie. Ils soutiennent que l'allaitement du conjoint, s'il est consenti par les deux partenaires, ne devrait pas être jugé ni condamné. Ils considèrent que cette pratique est une expression d'intimité et de liberté sexuelle, et qu'elle ne devrait pas être soumise aux normes sociales traditionnelles.

Il est important de souligner que l'allaitement du conjoint, comme toute pratique sexuelle, doit être consenti par les deux partenaires. Toute forme de pression ou de contrainte est inacceptable. Le débat éthique et social doit tenir compte de la complexité de la relation humaine et du droit à l'autonomie individuelle.

L'allaitement induit chez les femmes transgenres

Par définition une femme transgenre est une personne née de sexe masculin ayant eu recours à une transformation d’ordre feminine, souvent par l’emploi d’un traitement hormonal incluant la prise d’oestrogenes, de progestérone et de médicaments permettant d’inhiber la testostérone circulante et dans les tissus. Le traitement hormonal permet aussi un développement de la glande mammaire (développement lobulo-acineux) et une augmentation du tissu mammaire, sa croissance maximale sera atteinte 2 ans après la prise hormonale. Cependant les changements les plus importants interviennent 6 mois après la prise de traitement hormonale.

Étude de cas d'une femme transgenre allaitant son bébé

Une seule étude datant de 2018 fait mention d’une femme transgenre qui a pu allaiter son bébé de façon exclusive durant 6 semaines. La femme avait 30 ans et prenait son traitement hormonal depuis 6 ans. Ses seins ont été évalués au stade 4 de Tanner, c’est-à-dire que le développement du tissu mammaire est effectif, avec une aréole et un mamelon développé mais qui se surélève encore. Pour ce fait, un protocole à été mis en place incluant la prise d’oestradiol, de progestérone et de dompéridone en galactogène. Le tire-lait a été utilisé de façon régulière.

Dans un premier temps, les taux d’oestradiol et de progestérone ont été augmentés significativement afin de reproduire les taux que l’on observe lors d’une grossesse. Dans un second temps, la dompéridone a été utilisée pour stimuler la prolactine, qui permet la synthèse du lait. Dans un troisième temps, le tire-lait a été utilisé en supposant qu’il augmenterait la prolactine et l’ocytocine par stimulation. Le tire lait a d’abord été utilisé 5 min par sein, et progressivement à raison de 6 fois par jour. En 3 mois et demi, la femme transgenre allaitait son bébé exclusivement. La croissance du bébé était considérée comme normale pour son âge (critère de croissance, alimentation et habitudes intestinales).

Elle a introduit une préparation commerciale pour nourrisson par peur du manque de lait. La femme transgenre aurait peut-être pu continuer de façon exclusive son bébé si elle avait reçu le soutien d’une professionnelle de l’allaitement. Celle-ci aurait permis d’expliquer l’ajustement hormonal se produisant dans cette fenêtre des 4/6 semaines qui peut donner la sensation de seins mous et d’un manque de lait.

Les défis pour les personnes LGBTQ+ désirant allaiter

Les mères appartenant à la communauté LGBTQ+ qui désirent allaiter peuvent se retrouver en difficulté tant sur le plan psychologique que physique. Les personnes de la communauté LGBTQ+ ont souvent été sujettes à une stigmatisation et une discrimination par le corps médical, essentiellement par manque de connaissance, ou parfois par jugement de valeur.

La personne appartenant à la communauté LGBTQ+ doit créer son propre cheminement entre son sexe (l’aspect anatomique), son genre (le rôle social), et son identité de genre (comment la personne se perçoit). De ce fait, il est préférable pour tous les professionnels entourant la périnatalité et l’accompagnement à l’allaitement, de demander à la personne si cette dernière désire un emploi de langage spécifique.

Allaitement et hommes transgenres

Par définition, un homme transgenre est une personne née de sexe féminin ayant eu recours à une transformation d’ordre masculine, souvent par l’emploi d’un traitement hormonal incluant la prise de testostérone. Lors de l’allaitement, la prise de testostérone ne sera pas reprise. Il n’y a pas de consensus scientifique sur le fait qu’elle soit délétère lors de l’allaitement, tant pour la lactation (avec l’interférence d’hormones liées à la lactation comme la prolactine, l’insuline et l’hydrocortisone) que pour le passage hormonal dans le lait maternel et donc de l’incidence potentielle pour le bébé.

Une étude de 2022 a néanmoins fait mention que la dose de testostérone que l’enfant recevait était inférieure à 1% sans effets secondaires observables, mais l’étude a été faite sur une seule personne, le bébé avait 13 mois et les effets secondaires n’ont pas été surveillés sur une longue période.

La personne n’ayant pas eu recours à la chirurgie mammaire pourra être pressée d’avoir recours au binder / serre-poitrine (acte de se bander les seins par compression). La dysphorie peut impliquer un sevrage précoce de l’allaitement. C’est pourquoi il est important d’apporter un soin tout particulier aux hommes transgenres allaitants afin d’adapter le projet d’allaitement selon l’état émotionnel.

Les hommes transgenres qui ont fait une chirurgie de masculinisation de la poitrine peuvent avoir des difficultés lors de l’allaitement. Le degré de difficulté peut être corrélé à la nature de l’intervention. Il faudra s’assurer que la glande mammaire a été préservée et que la zone aréolaire n’a été ni modifiée ni déplacée.

Allaiter son conjoint : un choix personnel

En fin de compte, l'allaitement du conjoint est un choix personnel qui doit être respecté par chacun. Il est important de se rappeler que la liberté individuelle et le droit au bonheur sont des valeurs fondamentales.

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