Philippe-Henry Honegger : Biographie et Réflexions sur la Rhétorique
Philippe-Henry Honegger est un avocat pénaliste reconnu, dont la pratique est marquée par une profonde réflexion sur la rhétorique et son application dans le domaine juridique. Son parcours est jalonné d'une volonté constante de comprendre et d'utiliser les outils de la persuasion pour défendre au mieux ses clients.
Parcours et Spécialisation
Philippe-Henry Honegger exerce au sein du cabinet RUBEN & ASSOCIÉS, spécialisé dans la défense pénale. Ce cabinet propose des services adaptés aux exigences du monde contemporain, avec réactivité, mobilité et excellence, afin d'accompagner ses clients tout au long de leur défense.
"L'Argument qui tue" : Une Réflexion sur la Rhétorique
Dans son livre L’Argument qui tue, paru aux éditions DBS, Philippe-Henry Honegger propose un essai stimulant qui fait dialoguer Aristote et Booba, l’époque des philosophes grecs et celle des punchlines. Il réfléchit sur sa pratique de pénaliste à l’aune des grands textes de la rhétorique.
L'ouvrage se veut un manuel rigoureux et accessible, écrit pour tous ceux qui veulent prendre la parole pour convaincre. Honegger y partage ses réflexions sur l'art de la persuasion et son importance dans le contexte judiciaire.
La Rhétorique : Plus que de l'Éloquence
Philippe-Henry Honegger souligne que la rhétorique ne se limite pas à l'éloquence. Selon lui, l'éloquence est presque anecdotique dans la rhétorique, qu'il définirait plutôt comme la capacité qu’a chacun de convaincre. La puissance de la rhétorique est de nous apprendre comment forger de bonnes idées. Cela devrait en faire une matière très forte dans notre structuration intellectuelle.
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Pour les philosophes de l’Antiquité, si vous avez des idées fortes et solidement forgées, votre éloquence va en découler naturellement sans avoir à faire d’effets de manche ou de figures de style.
La Vérité et la Rhétorique
Honegger distingue trois types de vérité : scientifique, poétique et rhétorique. La vérité rhétorique se niche dans une toute petite zone, celle du vraisemblable. La rhétorique se joue dans ce qui n’est pas complètement sûr. C’est exactement dans cet interstice que travaillent les avocats. Il souligne que la vérité est multiple et que le débat judiciaire permet de confronter les différentes vérités de chacune des parties.
Il explique :
- La vérité scientifique est une démonstration : elle n’a pas besoin d’être emballée de rhétorique.
- La vérité poétique est absolument subjective : son objet n’est pas de convaincre.
L'Ethos : La Crédibilité de l'Avocat
Pour Philippe-Henry Honegger, la crédibilité, ou l'ethos, est essentielle pour un avocat. Chercher à convaincre quand on est avocat, c’est comme courir un 100 mètres avec 30 mètres de retard au départ. La première chose que les pénalistes vont donc chercher, c’est ce qu’Aristote appelle l’ethos : la crédibilité. Pour avoir l’air de dire la vérité, le plus simple, pour moi en tout cas, est de dire la vérité.
Il s'impose une règle : en étant honnête avec les juges, il peut gagner cet ethos.
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Conviction Personnelle et Défense
Philippe-Henry Honegger insiste sur l'importance de la conviction personnelle dans sa pratique. Il a une ligne éthique : il ne plaide jamais rien dont il ne soit convaincu. Si je ne suis pas convaincu, je ne serai pas convaincant. Cela ne sert à rien que j’y aille car c’est perdu d’avance.
Il détaille ses options lorsqu'il n'est pas convaincu :
- Travailler avec le client jusqu’à ce qu’il dise quelque chose en cohérence avec le dossier.
- Passer mon tour si le client ne veut pas démordre de sa version.
- Laisser le client dire ce qu'il veut, et s'autoriser à dire autre chose.
L'Éloquence et les Concours d'Éloquence
Philippe-Henry Honegger nuance l'importance de l'éloquence, notamment dans les concours d'éloquence. Les concours d’éloquence ont le vent en poupe, mais leur objet n’est pas de convaincre qui que ce soit. Convaincre qu’on est éloquent n’a rien à voir avec convaincre du fond de ce qu’on veut raconter. Il considère que ces concours apprennent à faire de l’ornementation et à se mettre soi-même en avant, ce qui peut faire oublier l'importance du fond.
Il ajoute que bien parler peut inclure des imperfections comme un tremblement ou un bégaiement, si cela correspond à la personne. Quelqu’un de très sûr de lui, de péremptoire, inspire de la méfiance. On le prend pour un beau parleur qui connaît toutes les techniques.
Évolution de la Rhétorique à Travers l'Histoire
Honegger explique que jusqu’au dix-huitième siècle, 90 % du travail des orateurs consistait à forger de bonnes idées et des argumentations solides qui résistent à la contradiction. Avec les Lumières, les idées ont commencé à être perçues comme autosuffisantes par leur puissance. Au dix-neuvième, Schopenhaueur écrit L’Art d’avoir toujours raison, dans lequel il prétend apprendre à faire semblant d’avoir raison. Il vient renforcer l’idée que la rhétorique est une manière de tromper les gens.
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